«Les Français paient le prix de l’instabilité gouvernementale», a déploré le président du Département, ce lundi 13 octobre, à Dijon. La dégradation de l’emploi commence à se faire ressentir en Côte-d’Or.
La session du conseil départemental de la Côte-d’Or, ce lundi 13 octobre 2025, à Dijon, a pris des allures de tour de chauffe avant le débat d’orientation budgétaire pour l’année à venir. Les échanges ont été marqués par une décision modificative pour l’année en cours tout en se projetant dans les mois qui suivent et en déplorant l’incertitude liées aux finances publiques nationales.
Avant le début de la session, François Sauvadet (UDI) a rendu hommage à Henri Julien, ancien élu départemental de 1970 à 2015, maire de Minot de 1975 à 2014, décédé le 9 septembre dernier. Le président de la collectivité a salué «un homme de convictions, profondément gaulliste, un homme fidèle en amitié». Les élus ont respecté une minute de silence en sa mémoire.
«Les Français paient le prix de l’instabilité gouvernementale»
«Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, notre pays vit une situation complètement inédite dans la Vème République», déclare François Sauvadet pour lancer son discours liminaire, s’étonnant d’un gouvernement Lecornu II annoncé «nuitamment», la veille.
«Je veux insister sur un impératif : la nécessité vitale d’avoir un budget, nous ne pouvons pas rester les bras croisés sans conséquences, nombreuses sur les acteurs économiques, sur nos compatriotes, avec un souci, c’est de préserver l’emploi et notamment l’emploi local», ajoute celui qui est également président de l’Assemblée des Départements de France. «Avoir une situation gouvernementale plus stable est un impératif pour continuer d’exercer les missions fondamentales qui nous sont confiées par la loi.»
«Je demande à tous nos parlementaires de ne pas oublier que Paris n’est pas une bulle. Ce qui se trame dans les antichambres, se ressent dans le pays tout entier et ce sont les Français qui en paient le prix», insiste-t-il.
En fonction de quoi, François Sauvadet active un «signal d’alarme» : «les Départements de France sont dans une situation budgétaire intenable» avec 60 Départements qui pourraient constater une marge brut négative à fin 2025. «Il faut arrêter de charger la barque, elle coule.»
«La dégradation de l’emploi se ressent au Département de la Côte-d’Or»
«L’impact de l’instabilité sur l’économie locale se fait ressentir», poursuit François Sauvadet qui adresse une pensée pour «tous les salariés qui ont vu leur emploi supprimé ces derniers mois». «La dégradation de l’emploi se ressent au Département de la Côte-d’Or pour nous qui assurons les solidarités humaines.»
Ainsi la collectivité recense mille nouveaux bénéficiaires du RSA de plus qu’en 2024, ce qui représente 6,5 millions d’euros de dépenses supplémentaires. Les frais d’hébergement au titre de la protection de l’enfance augmentent de 1,3 millions d’euros.
Du côté des recettes, les «frais de notaire» ont diminué de 27 millions d’euros en deux même s’ils ont rebondit de 3,2 millions d’euros en 2025 – inscrits à la décision modificative numéro 2 (DM2) examinée ce jour. La taxe sur les assurances a rapporté 3 millions d’euros de plus que prévu.
«On était convaincu qu’il fallait se préparer à un choc»
«Notre système est à bout de souffle», résume François Sauvadet, «mais dans ce Département, on tient bon». Après les mesures d’accompagnement mises en place au niveau national durant la crise sanitaire, «on s’est désendetté à une époque où les rentrées étaient supérieures en période de croissance, on a adopté des budgets qui sont contracycliques [c’est à dire] qu’on essaie de maintenir l’investissement pour sauvegarder l’emploi local, (…) on était convaincu qu’il fallait se préparer à un choc».
Le responsable de l’exécutif départemental revient alors sur les mesures de réorganisation de la collectivité (lire notre article) et s’engage à proposer «un budget au mois de décembre» : «les Côte-d’Oriens sauront dans quelles conditions nous allons aborder l’année prochaine». «J’aurai l’occasion de le redire pendant les orientations budgétaires et pendant le budget : on ne peut pas dépenser plus que ce que l’on a et ce que l’on aura.»
«Mon souhait est de rester aux côtés des Côte-d’Oriens les plus fragiles et des collectivités et des habitants partout où on a fait le choix de résider», insiste-t-il, «je n’ai pas l’intention, comme dans certains Départements, de pratiquer des coupes sombres et j’appelle chacun à la responsabilité, y compris nos organisations syndicales que je remercie pour leur solidité».
Dans la foulée, le président de la collectivité dénonce «les actes que l’on voit se multiplier d’agressions et de menaces sur nos agents». «Dès qu’il y a des attaques, je serai à leurs côtés pour les protéger et pour faire en sortie que leurs auteurs soient sanctionnés.»
«Il faut continuer d’investir pour l’attractivité du territoire»
François Sauvadet prolonge son propos en indiquant que cent communes ont déjà adhéré au bouquet de services numériques proposés par le Département (lire notre article).
«Il faut continuer d’investir pour l’avenir de nos enfants, pour l’attractivité du territoire», martèle le centriste alors que la DM2 maintient l’objectif de dépenses d’investissement autour de 100 millions d’euros en 2025.
«Lorsqu’à nouveau, on réexaminera les échelons les plus pertinents, je suis persuadé que, face aux soubresauts de la politique nationale, le Département est, plus que jamais, l’échelon de proximité ancré dans le réel aux côtés de nos compatriotes», conclut-il, «on est un pôle de stabilité et un pôle de solidité, il faut que nous le restions».
Et de saluer les conseillers, de la majorité comme de l’opposition, car «nous savons nous retrouver sur l’essentiel, 80 à 90% des décisions sont prises à l’unanimité, (…) on devrait s’en inspirer au niveau national».