Fiche d’identité
Naissance : 10 juin 1880, Pavilly (76).
Décès : 6 septembre 1916 (26 ans), Belloy-en-Santerre (80).
Profession : marinier, puis chauffeur.
Grade : sapeur, 3e Régiment du Génie, classe 1910.
Campagne contre l’Allemagne : 3 août 1914 au 6 septembre 1916 (2 ans et 1 mois).
À quoi ressemblait-il ?
Albert Clatot mesurait 1m69. Il avait les cheveux blonds et les yeux marron clair.
Il avait le niveau d’instruction 2 donc il savait lire et écrire.
Il était marié à Anne Berthou et vivait au 100 rue de la République, à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Biographie
Albert Eugène Clatot naît le 10 juin 1890 à Pavilly (76), dans une famille modeste. Le garçon est le huitième enfant d’une fratrie de neuf et a 16 ans d’écart avec sa sœur aînée. Alors qu’il n’a que 8 ans, Albert perd son père. La veuve et ses enfants les plus jeunes viennent s’installer à Saint-Étienne-du-Rouvray (76). Albert Clatot y devient marinier : il travaille à bord des bateaux qui naviguent sur la Seine et permettent, notamment, de la traverser vers la rive droite. En 1911, le jeune homme, désormais âgé de 21 ans, se présente aux bureaux de l’Armée afin de réaliser son service militaire obligatoire. Il intègre le 6e R.G. (Régiment du Génie), puis le 2e R.G. Avec ce dernier, il est embarqué à Marseille, à destination de Casablanca. Là, il participe à des opérations militaires dans le Maroc occidental, alors en guerre. Son service au sein de l’Armée prend fin en novembre 1913.
De retour à Saint-Étienne-du-Rouvray et âgé de 23 ans, Albert Clatot se marie, le 21 février 1914, avec Anne Berthou, une jeune fille de 4 années sa cadette, employée à la Société cotonnière (la grande usine textile de la ville). Les archives nous apprennent à l’occasion que le Stéphanais vit avec sa mère rue de la République et occupe désormais un emploi de chauffeur. Alors que les bruits de guerre courent, le jeune couple vit des instants heureux et attend un enfant.
Quand le conflit mondial éclate, en août 1914, Albert Clatot est aussitôt mobilisé : il rejoint la compagnie 2/1 du 3e R.G., dont la caserne se situe à Arras (62). Le 3e R.G. est très rapidement envoyé vers la Belgique. Là, l’armée française subit, le 22 août 1914, des pertes tellement importantes qu’elle fait retraite devant la puissance de l’avancée allemande. À cette occasion, Albert Clatot et ses camarades établissent un pont et des passerelles sur la Meuse, à Stenay (55), pour permettre aux troupes de franchir rapidement le fleuve. Par la suite, avec l’immobilisation du front, le 3e R.G. creuse des tranchées dans la Marne, entre septembre et janvier 1915. Si Albert Clatot participe régulièrement à des attaques, ce n’est néanmoins pas le cœur de sa mission, qui consiste davantage à organiser la défense d’un lieu et à construire toutes les infrastructures nécessaires à la progression des autres régiments : routes, ponts, fortifications… Durant la période, il apprend la naissance de sa fille, Madeleine, le 10 décembre 1914.
Au printemps 1915, le 3e R.G. sert dans le Woëvre, entre Verdun et Metz. A l’automne suivant, le régiment est envoyé en Champagne, où il participe à l’assaut de la butte et du village de Tahure. Après avoir passé l’hiver 1915-1916 dans la Meuse, Albert Clatot et ses compagnons sont envoyés à l’arrière du front de la Somme, où la célèbre bataille vient de débuter. Du 16 août au 19 septembre 1916, le 3e R.G. prend part à toutes les attaques dans le secteur de Belloy-en-Santerre (80). C’est là que le 6 septembre, Albert Clatot est tué en première ligne, à 26 ans. A titre posthume, son courage sera reconnu par une citation au Journal officiel de la République française.
Que devient la famille d’Albert Clatot ?
- La veuve du soldat, Anne Berthou, apprend officiellement le décès de son époux en septembre 1916. C’est au maire de Saint-Étienne-du-Rouvray qu’incombe la triste mission de venir annoncer la nouvelle et remettre l’avis ministériel à la famille.
- Leur fille, Madeleine Clatot, devenue orpheline de père à un peu plus d’un an et demi, est adoptée comme pupille de la Nation en mars 1919. L’État français s’engage à lui apporter une aide financière jusqu’à sa majorité.
- Albert Clatot avait également deux frères plus âgés. L’ainé, Louis (1880-1964), est épargné par la guerre à cause de problèmes de santé. Il ne sera jamais envoyé au front, étant affecté à l’Intérieur de 1917 à 1919. Le second frère, Émile (1883-1934), ne connaîtra pas non plus le front, étant maintenu à son poste, aux chemins de fer.
Citation posthume au Journal officiel de la République française, 24 novembre 1919 : « Bon sapeur, courageux et dévoué. Tué en première ligne, alors qu’il exécutait un travail particulièrement dangereux, le 6 septembre 1916 ».
Sources : fiche matricule, actes de naissance, de mariage et de décès, registre d’état civil de Saint-Étienne-du-Rouvray, fiche MdH, Livre d’Or, J.M.O et Historique régimentaire du 3e R.G. compagnie 2/1, Journal officiel de la République française du 24 novembre 1919.
Autrice : Ariane Biard, professeure d’Histoire-Géographie et Aya AOUICHI, 3eB, collège Paul Eluard, 2024.