En octobre dernier, la FSPF lançait une grande consultation des pharmaciens sur l’évolution à venir du modèle de rémunération de l’officine.
Leurs attentes, leur vision de la profession et leur appréciation de la situation économique doivent être au cœur du travail engagé avec la mission IGAS-IGF lancée par le Premier ministre. Ces retours de terrain sont essentiels à la construction d’un modèle pérenne et adapté aux enjeux du quotidien.
Pendant plus d’un mois, les syndicats départementaux constitutifs de la Fédération ont recueilli les contributions de près de 5 000 pharmacies. La FSPF en a extrait plusieurs demandes largement partagées par l’ensemble des pharmaciens, face à un modèle économique qu’ils jugent majoritairement en danger.
o La confirmation du modèle de l’honoraire
Les pharmaciens plébiscitent la rémunération à l’honoraire, instaurée il y a dix ans à l’initiative de la FSPF, et la sécurité qu’elle offre face aux baisses de prix des médicaments. Ils sont attachés au maintien des honoraires existants et souhaitent leur revalorisation, au profit notamment de l’honoraire à l’ordonnance rémunérant leur cœur de métier. Ils sont également demandeurs de nouveaux honoraires valorisant la diversification de leurs missions (dépistages, renouvellements, orientation du patient dans le parcours de soins, modifications des ordonnances impliquant une coordination avec le prescripteur …).
o Un aménagement souhaité de la marge commerciale
S’ils plébiscitent les honoraires, les pharmaciens ne souhaitent pas en être totalement dépendants et restent attachés à la marge commerciale. Ils demandent toutefois des aménagements profonds de ses modalités de calcul.
o Une évolution demandée des rémunérations sur objectifs de santé publique (ROSP)
Les pharmaciens sont plus critiques du dispositif de la ROSP, jugé trop complexe. La difficulté à atteindre les objectifs l’éloignerait de son intention initiale d’amélioration de la santé publique. Ils reconnaissent toutefois l’utilité d’un tel dispositif, qui doit donc évoluer pour rémunérer de nouveaux objectifs cohérents avec les missions des pharmaciens (substitution biosimilaire, lutte contre l’antibiorésistance, dépistages, etc). Ils proposent également de mettre en place un forfait structure qui rémunérerait les missions de service public de l’officine en tant qu’établissement jouant un rôle déterminant dans l’offre de soins de son territoire.
o Une adaptation et une transformation du modèle actuel plutôt qu’un big bang
Globalement, les pharmaciens ont fait part de leur attachement au modèle de rémunération actuel et à ses éléments constitutifs (honoraires, ROSP, marge, remises commerciales…).
Mais ils démontrent une volonté d’évolution profonde de ces éléments, au profit de leur cœur de métier, la dispensation du médicament, et de la valorisation de leur rôle dans le parcours de soins. De nombreuses prestations quotidiennes, essentielles à l’accès aux soins et à l’amélioration de la prévention, restent peu valorisées et réalisées « gratuitement » : orientation du patient dans le parcours de soins, petits soins d’urgence, évaluation de situations cliniques, sorties d’hospitalisation…
o Un constat partagé qui sera la base de notre travail avec la mission IGAS-IGF
En conclusion, les pharmaciens partagent donc le constat d’un essoufflement du modèle centré sur la marge règlementée du médicament. Ils appellent à un basculement progressif vers un modèle mixte, lisible et pérenne, constitué d’une rémunération par actes et missions, d’une marge sécurisée, de ROSP orientées vers la santé publique et d’un forfait structure.
Leurs attentes rejoignent les efforts de long terme de la FSPF pour protéger le réseau des baisses de prix et volumes des médicaments, au profit du renforcement du cœur de métier du pharmacien, la dispensation et le conseil, et d’une reconnaissance de son rôle de professionnel de santé de proximité et de la prévention.
La condition absolue d’un tel modèle réside dans la reconnaissance du temps pharmaceutique aujourd’hui non financé, pendant lequel s’exerce l’essentiel de l’expertise du pharmacien.
Les résultats de cette grande consultation constituent une base solide pour mener, avec la mission IGAS-IGF, le travail d’évolution de la rémunération qui nous occupera pendant les prochains mois et qui devrait se matérialiser dans un avenant n° 2 à la convention nationale pharmaceutique. 2026 sera une année de travail et de chantiers cruciaux pour notre profession.