Les routes départementales, qui assurent près de 80 % des mobilités du quotidien, sont aujourd’hui au cœur d’un débat budgétaire et politique croissant. Gérant 380 000 km de voirie et plus de 100 000 ouvrages d’art, les Départements font face à un sous-financement structurel de leur réseau, hérité en grande partie des transferts opérés par l’État dans les années 2000. Les alertes portées par Départements de France ont trouvé un écho au Parlement, traduisant une prise de conscience croissante de l’urgence.
C’est dans ce contexte que le sénateur Bruno Rojouan (Allier) a interpellé le Gouvernement par une question écrite le 28 août 2025 (Financement à court terme de l’entretien des routes départementales), alertant sur l’absence de solutions de financement à court terme pour l’entretien et la modernisation des routes départementales. Il pointe un déséquilibre manifeste avec le réseau routier national non concédé, pour lequel 1 milliard d’euros par an a été annoncé, alors qu’aucune mesure équivalente n’est prévue pour le réseau départemental.
Cette situation alimente une « dette grise » de plusieurs milliards d’euros, documentée notamment par l’IDRRIM et le CEREMA, et fait peser des risques croissants sur la sécurité des usagers, la continuité des mobilités, en particulier en milieu rural, et la cohésion territoriale. Dans un contexte budgétaire déjà contraint, le sénateur a demandé quelles mesures concrètes et rapides le Gouvernement entendait mettre en œuvre, et si le transfert de la taxe sur les cartes grises aux Départements serait envisagé dans le projet de loi de finances pour 2026, comme le propose l’association Départements de France.
Dans sa réponse publiée le 20 novembre dernier, le ministère des Transports reconnaît le rôle essentiel des routes départementales et salue les efforts d’investissement des Départements, qui ont permis une amélioration de l’état des chaussées et des ouvrages d’art ces dernières années. Le Gouvernement admet toutefois que ces efforts ne suffisent pas à enrayer l’accumulation de la dette grise. Faute de données suffisamment consolidées pour chiffrer précisément les besoins, l’exécutif annonce le lancement d’un audit du réseau routier départemental structurant, confié au Conseil d’orientation des infrastructures et mené en co-construction avec Départements de France. Cet audit doit permettre d’objectiver les besoins et d’éclairer de futures décisions de financement. Aucune mesure financière immédiate ni transfert de fiscalité n’est cependant annoncé pour 2026.
Le sujet a eu un écho dans le débat budgétaire, comme en témoigne le dépôt d’un amendement par la sénatrice Romagny (Marne) dans le cadre de l’examen du PLF 2026, visant à transférer la taxe sur les cartes grises. Pour les départements, l’enjeu est clair : sans ressources dédiées, la dégradation du réseau routier pourrait rapidement devenir un frein majeur aux mobilités du quotidien.