Le 17 mars 2025, La Croix a interrogé Stéphanie Vandentorren, épidémiologiste à Santé publique France (SPF) et chercheuse affiliée de l’Institut Convergences Migrations, sur l’« Étude épidémiologique sur la santé et l’accès aux soins des Gens du voyage en Nouvelle-Aquitaine », publiée en février 2024. Cette étude établit un lien entre les conditions de logement des Gens du voyage et leur état de santé préoccupant. Jusqu’alors, « il n’y avait pas de données concernant les gens du voyage », souligne Stéphanie Vandentorren.
Dans La Croix, Stéphanie Vandentorren, co-autrice de l’étude, explique : « plus [les conditions d’habitat] sont difficiles, plus les personnes ont de risque de déclarer une maladie chronique. » Elle indique que « les aires d’accueil [désignées par l’État et les communes pour l’installation des Gens du voyage] sont souvent reléguées dans des endroits pollués et bruyants, parfois loin des services, ce qui a un impact négatif sur la santé, tout comme le risque d’expulsion qui accroît le stress, l’anxiété et la dépression. » Ainsi, chez les Gens du voyage, « les prévalences ressemblent davantage à celles des personnes sans domicile fixe qu’à celles de la population générale », évalue-t-elle.
En outre, les Gens du voyage, qualifiés de « population exclue socialement » par la chercheuse, font face à des discriminations à l’emploi, ce qui les contraint à travailler dans des conditions néfastes pour leur santé, telles que le travail de ferrailleur, exposant notamment les enfants à un risque de saturnisme. « La discrimination entraîne une défiance envers les institutions et existe aussi parfois dans le système de santé. Intériorisée, elle se traduit notamment par un renoncement aux soins » poursuit-elle.
Au sein de l’IC Migrations, cette thématique est travaillée par des chercheurs et chercheuses affilié-es au département GLOBAL.
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