[Editorial] L’Europe puissance doit être modeste – B2 Bruxelles2 Archives

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(B2) Europe, Puissance, souveraineté, les mots sont répétés à outrance qu'ils ne veulent plus rien dire. Il faudra un moment arrêter de se gaver de mots. Et rester modeste.

Plutôt que d'asséner des bons mots et belles phrases, comme vient de le faire Emmanuel Macron dans son discours à la Sorbonne (lire : [Actualité] Sorbonne 2024. Les idées clés d’Emmanuel Macron pour la défense européenne. Sympathiques…), discours langoureux, plein de belles idées, de fausses affirmations (l'initiative européenne d'intervention, un "vrai succès"), il faut répondre concrètement à quelques questions concrètes.

Comment fournir une défense aérienne efficace aux Ukrainiens. De façon rapide. Pourquoi en plus de deux ans, a-t-on été incapable soit de dégager les systèmes existants, au besoin en les fédérant au niveau européen (afin d'avoir une couverture minimale à plusieurs et dégager le surplus pour l'Ukraine) ; soit de commander aux industriels des systèmes ?

Comment mettre en place, rapidement, un bouclier anti-missiles, avec des solutions européennes ? Non pas en critiquant les initiatives des uns (l'Allemagne en particulier), mais en la complétant. Et vite, sans tarder. La France devrait déjà être à l'initiative sur ce sujet. Une conférence sur la défense aérienne avait été convoquée à Paris en juin 2023... Comment le dossier a avancé ?

3° Comment standardiser les équipements de défense ? Que propose le président français ? Renoncer au Rafale pour prendre le standard "européen", le F-16 et F-35. Non bien entendu. Faut-il fusionner nos entreprises de défense avec d'autres ? Oui sans doute. Mais comment le faire. Est-on prêt à renoncer à nos chantiers navals pour les fusionner avec les Espagnols de Navantia ou les Néerlandais de Damen.

4° Au niveau international ? Une Europe « puissance d'équilibre » ne pourra exister que si elle est respectée et qu'elle respecte les autres. Quand un État, même dirigé par une junte militaire (que l'on ne reconnait pas), déclare persona non grata un ambassadeur français (Niger), dénonce les accords de défense (Mali, Burkina Faso, Niger), pourquoi faut-il se cabrer et dire "nous ne céderons pas", en insultant au passage les autorités de ce pays, pour finir par céder piteusement ? Quand l'Europe (sous couvert de l'OTAN) intervient en Libye officiellement pour s'interposer entre deux belligérants, qu'elle prend partie pour l'un, ce qui conduit à supprimer le dirigeant en place et mettre un autre pouvoir, est-ce respecter cet État ?

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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Nicolas Gros-Verheyde