La santé mentale : un électrochoc

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Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur Radio Notre Dame –  15 octobre 2024

En ce moment, à l’occasion des Semaines d’Information sur la Santé Mentale, les SISM, des propositions variées sont à découvrir dans toute la France. Elles sont à destination d’un public large puisque toute personne, concernée ou non par un trouble psychique, proche aidant, organisme, association ou institution souhaitant agir contre le tabou de la santé mentale peut proposer un événement. L’idée est de la promouvoir et de déstigmatiser les troubles psychiques, ce à quoi s’emploie l’OCH à travers sa revue Ombres & lumière et ses conférences. Michel Barnier a annoncé par ailleurs son souhait de faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. Le secteur de la psychiatrie, bien à la peine, a réagi.

Simon : Avec le COVID, il me semble que la parole s’est un peu déliée concernant la santé mentale ?

Dans une interview d’Ombres & lumière, Jean-Philippe Cavroy, délégué général de la Fédération Santé Mentale France parle d’un « électrochoc » à la suite du COVID. « La parole s’est en effet libérée parce que, dit-il, un grand nombre de personnes se sont retrouvées dans d’intenses fébrilités psychiques : dépressions, troubles anxieux, alimentaires, bipolaires, schizophréniques … » Il applaudit la décision du nouveau premier ministre même s’il constate que, face à un secteur trop longtemps laissé en jachère, le chantier reste de grande ampleur. L’annonce faite par le gouvernement est, pour lui, porteuse d’espoir. Des témoignages écrits bouleversants sont aussi signes d’une plus grande liberté d’expression sur le sujet de la santé mentale.  

Simon : Vous pensez à des écrits en particulier ?

Je viens de lire deux magnifiques livres-témoignages. Celui de Florian Vallière ma vie aux deux extrêmes et celui de Marc Bruneteau l’amour me relève chaque jour, tous les deux édités chez Mame. Ils invitent le lecteur à plonger au cœur de la bipolarité et à mieux comprendre cette maladie, ses répercussions sur la vie d’un homme qui construit sa vie d’adulte comme Florian et sur celle d’un couple comme Marc et Charlotte. Dans leur témoignage, la violence de la maladie n’est pas édulcorée mais, grâce à un accompagnement médical, un soutien amical et familial, un chemin de foi, la maladie n’a pas eu le dernier mot. Leur bonheur est tangible. Marc partage ainsi son expérience : « entendre le besoin de consultation ou d’hospitalisation, ne pas se mentir, se pardonner, s’aimer, se faire confiance, et se battre avec ses proches ». De son côté, en s’adressant à sa maladie, Florian nous livre un chemin : « Je suis en paix maintenant car je t’ai acceptée. Je sais que tu fais partie de ma vie, pour toujours. Et si nous devons apprendre à cohabiter, je ne cesserai jamais ma guerre contre toi. J’ai la certitude d’être malade. Mais j’ai la certitude encore plus grande que l’Espérance ne me quittera pas. Elle est mon rempart contre toi ». A la suite de Marc, Florian et l’ensemble des associations actives dans le champ de la santé mentale, n’attendons pas un nouvel électrochoc, levons le voile sur les maladies psychiques afin que personne n’en souffre en silence.

Chroniques animées par par Simon Tatreaux, journaliste et présentateur de Radio Notre Dame.

Recapiti
Laetitia Ramandraivonona