L’empreinte carbone des CSE : un impensé pour le climat​

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Tous les ans, les Comités Sociaux et Economiques sont à l’origine de plusieurs milliards d’euros de dépenses, via les Activités Sociales et Culturelles organisées pour les salariés. Et pourtant, l’impact environnemental de ces dépenses n’est jamais évalué.

Alors comment encourager les CSE à réaliser leur Bilan Carbone ? Quels intérêts pour le CSE, pour les salarié(e)s bénéficiaires ? Comment appréhender un tel projet, et quelles perspectives concrètes pourraient en ressortir ? 

Pour enrichir cet article, nous nous sommes appuyés sur le témoignage d’Antoine Clément, élu CSE chez SAP France. En 2023, son CSE a réalisé son Bilan Carbone ; à la clé, de nombreux apprentissages et de jolies citations qui donnent envie de bouger les choses ! Un grand merci à Antoine pour son retour d’expérience 🙂

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Acteurs essentiels du dialogue social en entreprise, les Comités Sociaux et Économiques ont leur mot à dire et leurs cartes à jouer par rapport aux engagements environnementaux de leur organisation. Oui mais voilà ; leurs leviers d’action, pourtant bourrés de potentiel, sont aujourd’hui sous-exploités. Pire encore, leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) représentent un angle mort pour le climat.

Car si certaines entreprises sont tenues de faire leur Bilan Carbone, elles omettent généralement de comptabiliser les émissions du CSE (rappelons que celui-ci est une personnalité morale à part entière, seule responsable de la gestion de son budget). Au total, on parle bien de 11 milliards d’euros de dépenses fléchées par les CSE chaque année, dont l’impact carbone n’est jamais estimé. 

Chez Représente.org, nous nous sommes posé la question : qu’est-ce qui bloque ? Le vaste monde de la comptabilité carbone, plein de subtilités et de calculs rigoureux, est-il si tortueux qu’il démotive les CSE à s’intéresser à la question de leur impact climatique ?

L’étape suivante pour votre CSE ? Passer à l’action !

Sommaire

Acte 1 - CSE et responsabilité environnementale : où en sommes-nous ?

11 milliards d'euros, ça fait combien de carbone ?

Si les CSE ont toute légitimité à se pencher sur la question, c’est d’abord parce qu’ils sont à l’origine de flux monétaires conséquents via les budgets des Activités sociales et culturelles (ASC). Ce sont autant de prestations qui pèsent sur la balance… du réchauffement climatique. 

On n’y pense pas systématiquement, mais derrière chaque euro dépensé et chaque comportement influencé par le CSE, il existe un équivalent CO2 que l’on peut estimer comme suit :

Selon nos estimations, calculées à partir de ratios monétaires, ce seraient 2,8 mégatonnes de CO2 éq. (unité de référence du potentiel de réchauffement global des gaz à effet de serre) induites par les dépenses du CSE. Pour vous donner un ordre de grandeur, ce chiffre représente les émissions annuelles de plus de 300 000 Français. C’est aussi l’équivalent de l’empreinte carbone de la ville de Toulouse. 

Les CSE ont donc eux aussi un impact carbone ; et comme tout acteur économique, leurs choix de consommation ont le pouvoir de changer la donne. Pourtant, selon notre enquête menée en 2020, moins de 5% du budget Activités Sociales et Culturelles des CSE seraient fléchés vers des alternatives durables. 

Légitimité juridique

Un véritable chantier à initier donc – d’autant plus que les CSE se sont vu octroyer il y a quelques années la légitimité juridique de s’investir dans la responsabilité environnementale de l’entreprise.

Eh oui, pour rappel, la récente évolution de la loi Climat et Résilience (2021) donne aux CSE une posture de garde-fous environnementaux dans les grandes décisions de la direction et les outille avec les chiffres du volet environnemental de la BDESE. Alors à la question “est-ce bien le rôle du CSE de s’investir dans la transition écologique ?”, on vous répond : non seulement c’est son rôle… mais c’est aussi dans son intérêt !

Quels intérêts pour le CSE de faire son Bilan Carbone ?

  • Jouer la carte de l’exemplarité face à l’employeur : En démontrant sa capacité à comptabiliser et réduire ses émissions sur son propre périmètre, le CSE sera d’autant plus crédible pour contribuer à la stratégie de décarbonation de l’entreprise.

Le mot d’Antoine, élu CSE

“Le CSE a voulu faire son Bilan Carbone ; parce que quand on ambitionne d’accompagner d’autres acteurs internes sur leur transition (la direction, l’IT, le prestataire de restauration), il faut être aussi irréprochable et savoir où on en est.”

  • Monter en compétence sur les enjeux environnementaux actuels, la méthodologie de calcul du Bilan Carbone, et les décisions qui en résultent. Car quel meilleur moyen de se former qu’en réalisant un Bilan Carbone sur son propre périmètre ?

Le mot d’Antoine, élu CSE

“Quel meilleur moyen de se former et de comprendre les ordres de grandeur qu’en faisant un Bilan Carbone ?”

  • Faire converger les membres du CSE autour d’un objectif commun. En mesurant l’impact de leurs Activités Sociales et Culturelles, les membres du CSE se familiarisent ensemble aux ordres de grandeur, et identifient les postes les plus émetteurs. Cela leur permet de construire une feuille de route collaborative, et surtout de prendre (et de comprendre) de nouvelles décisions éclairées.

Le mot d’Antoine, élu CSE

“L’élément déclencheur, ça a été une formation sur la transition pour nos élus. A la fin d’une session de trois heures, ils se sont rendus compte qu’ils avaient des moyens d’action et qu’ils étaient pollueurs eux-mêmes. Ils se sont dit “Il faut absolument qu’on fasse quelque chose !”

  • Vérifier la portée des changements pour mettre en place des actions vraiment efficaces, avec des objectifs quantifiables pilotés d’année en année. Car si l’on a peu de temps et de ressources pour agir, alors autant être sûr de placer ses efforts aux bons endroits, non ?

Le mot d’Antoine, élu CSE

“L’étape d’après a été de s’engager sur un budget carbone annuel : on a pris comme indicateur le “Fit for 55” de la Commission Européenne, qui nous engage sur une baisse de 4,2% des émissions chaque année pour les 8 prochaines années.”

  • Communiquer auprès des bénéficiaires : Les assurer du sérieux de la démarche, faire preuve de transparence, mais aussi les motiver à s’engager ! Le Bilan Carbone est un formidable outil de sensibilisation : il permet aux collaborateurs de comprendre les enjeux climatiques à partir d’exemples de leur quotidien (vacances, cadeaux, festivités…). 

Le mot d’Antoine, élu CSE

“On s’est dit que le combat ne se passait pas qu’au niveau de la direction, qu’il fallait que les salariés comprennent le projet et y adhèrent.”

Acte 2 - Le Bilan Carbone du CSE : concrètement, comment ça se passe ?

Une méthodologie bien rodée

La clé du succès pour se lancer dans son Bilan Carbone ? Suivre une méthodologie bien précise, étape après étape ! Tout commence avec le cadrage du projet : il convient de s’interroger sur son périmètre, de désigner une équipe de travail prête à s’investir sur plusieurs mois et d’identifier les postes d’émissions du CSE. Viennent ensuite le travail de fourmi qui consiste à collecter les données, le calcul du bilan carbone et son analyse, puis de passionnantes discussions sur ce qui changera pour le futur !

Les principales étapes de la méthodologie Bilan Carbone

Au total, un CSE peut espérer boucler son premier Bilan Carbone au bout de quelques mois. Tout au long du processus, l’équipe projet identifie les points d’attention spécifiques au CSE, et en dégage des pistes d’action chiffrées et des indicateurs de suivi. 

Bien que méticuleux, c’est un travail qui gagne à être fait sur une vision long termiste : une fois le premier Bilan Carbone réalisé, il devient bien plus facile de garder un œil sur ses indicateurs pour piloter ses actions et son impact ! Le CSE peut ensuite réitérer l’opération tous les 3 ou 4 ans

Recapiti
Laurène Descharles