150 heures de témoignages de Justes
Le résultat d’un travail colossal mené, année après année, par le Comité Français pour Yad Vashem et par la directrice du Département des Justes, Corinne Melloul, qui a minutieusement collecté et enregistré pendant plus de 23 ans les indispensables témoignages des personnes sauvées mais aussi ceux de leurs sauveurs, ces Justes. “Pour honorer une personne au rang de Juste, il faut absolument le témoignage des personnes juives sauvées mais nous n’avons pas forcément le destin croisé, la parole du Juste la voix du Juste, explique-t-elle. Une journaliste m’a proposé un jour de présenter un projet aux Ateliers de création de Radio France, en clair, d’aller sillonner les routes de France à la rencontre de ces hommes et de ces femmes qui au péril de leur vie avaient sauvé pour la plupart des inconnus. Grâce à leurs témoignages, on a pu retracer le destin croisé du sauveur et du sauvé. On a pu ainsi recueillir plus de 150 heures d’enregistrements. Cela a donné lieu au premier Corpus Européen d’Archives sonores sur les Justes au début des années 2000. Et en 2007 les Justes sont rentrés au Panthéon”.
Plus de 40 bénévoles partout en France représentent le Comité français en région dont un Levalloisien, Claude Ungar, qui a instruit plus de 400 dossiers de Justes.
Histoires locales
Entre temps, les technologies nouvelles arrivent, et l’idée de créer des podcasts à l’aide de ces archives aussi. Un moyen de toucher les jeunes générations.
“Il ne faut pas oublier également la problématique liée à la disparition des témoins, signale Carine Kroitorou-Dahan, Levalloisienne et Directrice générale du Comité Français. Nous devons repenser et innover la transmission mémorielle. Dans chaque podcast, il y a un narrateur issu du monde artistique ou des médias qui intervient bénévolement et accompagne le témoignage des Justes”. Ce travail représente aussi un véritable outil pédagogique pour les enseignants. Les témoignages sont issus de toutes les régions pour qu’ils parlent directement aux enfants de toute la France, grâce à un ancrage local, comme c’est le cas pour les Justes de Levallois qui seront mis en lumière lors de l’exposition.
Transmission générationnelle
“Nous avons fait en sorte de montrer que les Justes sont issus de toutes les catégories socio-professionnelles. Désobéir pour sauver, ça n’était pas destiné qu’à l’élite”, précise Corinne Melloul. Le Comité Français pour Yad Vashem perpétue la mémoire mais est donc totalement dans son époque, avec notamment un passage de flambeau à la présidence : “Notre Président, Patrick Klugman, a succédé en juillet 2023 à Pierre-François Veil, tient à indiquer Carine Kroitorou-Dahan. Il y a donc une passation générationnelle symbolique qui est essentielle pour l’institution mémorielle que nous sommes”.
