Résumé. Traverser la Médi­ter­ranée, fran­chir ses fron­tières terrestres et mari­times engage une expé­rience de la mobi­lité qui pose, entre Nord et Sud, la ques­tion des appar­te­nances sociales, cultu­relles, linguis­tiques et poli­tiques. Le terme même de traversée appar­tient à deux registres que tout oppose : le tourisme et l’exil. D’une part, la traversée alimente un imagi­naire du dépay­se­ment et du repos, la promesse de mondes nouveaux. D’autre part, la Médi­ter­ranée inter­roge nos repré­sen­ta­tions et nos outils de saisie des dyna­miques migra­toires à l’heure où l’issue de la traversée n’est jamais assurée en raison de la violence d’État à l’encontre des migrants illé­ga­lisés. La compa­raison analy­tique de ces expé­riences qui se croisent et s’ignorent nous invite non seule­ment à aller au-delà de certains récits média­tiques stéréo­typés, mais aussi à repenser les études migra­toires à la lumière des traver­sées appré­hen­dées dans leur dimen­sion sensible et heuris­tique. Car l’exploration de ce terme de traversée, évoca­teur de l’expérience sensible de la mobi­lité et des imagi­naires qui la tissent, solli­cite notre mémoire, nos projec­tions, et nous ouvre à des vécus à la fois contigus et éloi­gnés dans un monde de (non)relations. Grâce à leurs regards croisés, les auteurs et autrices donnent à voir les multiples signi­fi­ca­tions d’un mouve­ment qui amène tant celui qui le vit que celui qui en écoute le récit sur des routes inattendues.

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