L’exposition Lutetia, 1945. Le retour des déportés est présentée au musée de la Résistance et de la déportation de Lorris, jusqu’au 31 août, pour célébrer les quatre-vingts ans de la libération des camps nazis.
« Cette exposition est exhaustive car elle reprend tous les thèmes du retour. Elle s’intéresse aux juifs et aux non-juifs, comme les résistants, les prisonniers politiques… Elle évoque aussi les hommes comme les femmes », déclare Aude Raimbault, médiatrice culturelle chargée des collections.
Dans le vif du sujet
« Pourquoi le Lutetia est-il si important dans notre vécu ? C’est que, en vérité, notre deuxième vie a commencé là, dans ce lieu. Quand nous y sommes rentrés, nous n’étions que des matricules ; nous en sortions redevenus des citoyens », atteste Gisèle Guillemot, résistante française.
Dès le 26 avril 1945, le général de Gaulle réquisitionne le somptueux hôtel Lutetia qui, sur sept étages et dans 350 chambres, accueille les déportés à toute heure du jour et de la nuit. De nombreuses personnes sont mobilisées durant quatre mois pour s’occuper des survivants : médecins ; personnel de l’hôtel (cuisiniers, lingères, femmes de chambre, responsables d’étage) ; service d’accueil ; infirmiers ; service de sécurité et de contrôle pour démasquer les faux déportés ; associations de résistants et de bénévoles…
Le Lutetia est synonyme de prise de conscience de l’ampleur de la tragédie. Chaque jour, là, des familles tentent d’avoir des nouvelles ou de retrouver leurs proches. « Ce lieu, il est sacré, il m’a rendu ce que j’avais de plus cher. J’y ai retrouvé ma mère et ma sœur, rescapées des camps de concentration. C’est à la fois le bonheur et la matérialisation du malheur : voir tous ces visages qui comme moi cherchaient les leurs », révèle Juliette Gréco au Journal du dimanche, le 31 octobre 2009.
Une exposition inédite
C’est la première fois qu’une rétrospective, réalisée par la délégation de Paris des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD 75), raconte l’histoire de ces rescapés et de ce lieu.
L’exposition est enrichie par des objets, issus du fonds du musée, ayant appartenu aux déportés ou prisonniers du Loiret afin de rendre plus concrète encore cette période. Par exemple, vous découvrez une superbe ceinture réalisée en cachette, avec des éléments volés par Yvette Choquet-Kohler dans le camp
où elle a été déportée à 17 ans. Libérée et arrivée au Lutetia, elle offre sa ceinture à sa jeune sœur qui, elle, avait échappé à la déportation.
Figurent aussi dans une vitrine, des jeu de cartes et dominos fabriqués dans les camps, un livre de recettes de cuisine car les prisonniers malnutris cherchaient ainsi à tromper leur faim et à se remémorer les bons moments passés.
Vous retrouverez aussi la tenue de Lucien Lalœuf, déporté à Dora à 19 ans. Par la suite, il s’est beaucoup impliqué dans la création du musée.
D’autres documents agrémentent cette rétrospective, comme ce bulletin national d’une association d’aide au orphelins, paru en 1951, afin de les faire adopter, avec un descriptif sur trois lignes évoquant leur gentillesse, leur caractère difficile ou leur santé fragile...
Là encore, une affiche promouvant la semaine de l’absent. Le retour des 1 690 200 absents : déportés ; prisonniers de guerre ; travailleurs se fait en partie en avions, trains, camions, bateaux… cela a un coût, alors des levées de fonds sont organisées et des expositions pour expliquer ce qu’ils ont vécu…
En pratique
L’exposition, composée de 14 panneaux, est visible jusqu’au 31 août et lors des Journées européennes du patrimoine, les 20 et 21 septembre.
Le site internet : lutetia.info reprend l’exposition si vous ne pouvez pas venir la voir car elle est indispensable, pour ne pas oublier.
Musée départemental de la Résistance et de la déportation de Lorris : museelorris.fr ou 02 38 94 84 19
Ouvert tous les jours (sauf les lundis et jours fériés) cet été de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h
Plein tarif (à partir de 18 ans) : 6 €
Tarif réduit (de 6 à 18 ans)
Gratuit pour les enfants de moins de 6 ans, les accompagnateurs de personnes en situation de handicap, les anciens combattants et déportés (sur présentation de la carte) et les donateurs.
Édith Combe