Publié le 21.07.2025
Cet été, plongez-vous dans les récits d’autrices autochtones, que ces récits viennent des Philippines, du Mexique ou encore de l’Ouest américain. Des histoires singulières qui résonnent bien au-delà des territoires qui les ont vues naître et nous font entendre des voix qui ont été trop souvent étouffées.
Ces recommandations sont en partie issues des pages Culture du magazine de la solidarité internationale Échos du monde, publié par le CCFD-Terre Solidaire.
Betty
Née dans une baignoire en porcelaine dans les années 1950, Betty Carpenter est la sixième d’une fratrie de huit enfants, fruit de l’union entre une mère blanche et un père cherokee. Après des années d’errance, les Carpenter posent leurs valises dans la petite ville de Breathed, où la nature généreuse de l’Ohio leur laisse entrevoir un semblant de répit. Mais, rapidement, la fillette est marginalisée en raison de sa peau brune, confrontée à la pauvreté, à la violence et aux secrets de famille. Alors, elle s’agrippe aux mots. L’écriture devient son refuge, un espace sacré où elle dépose ses blessures, ses émerveillements, et les récits ancestraux transmis par son père. L’autrice Tiffany McDaniel, elle-même d’ascendance cherokee, s’inspire de sa propre mère, la « vraie » Betty, pour construire ce récit intime. Cette double identité irrigue une œuvre dans laquelle il est question de violence sociale, mais aussi de spiritualité ancestrale.
Le territoire perdu
Le Territoire perdu est le premier roman de l’autrice d’origine pueblo, mexicaine et philippine Kali Fajardo-Anstine. Née en 1986 dans le Colorado, elle puise dans ses racines pour offrir un tableau intime de ces existences souvent ignorées par la littérature américaine dominante. Ce livre explore, avec une grâce sans emphase, la vie de femmes chicanas sur plusieurs générations, au cœur de l’Ouest américain. Son héroïne, Luz Lopez, que l’on surnomme « Petite Lumière », tente de gagner sa vie en lisant l’avenir dans les feuilles de thé sur les marchés et en lavant le linge de familles aisées. Dans une ville sous l’influence du Ku Klux Klan, être catholique, d’origine mexicaine et amérindienne est un danger. Mais elle possède un don rare : des visions lui permettent de communiquer avec ses ancêtres et de percevoir les terres oubliées de ses origines. Ce texte tisse avec finesse les fils de la mémoire et laisse, à la lecture, la sensation d’un silence au bord des lèvres. Le Territoire perdu dit l’universel des origines, des traditions et du féminin en lutte. Un livre de voix tues qui trouvent enfin leur timbre.
She Said She Said
Depuis que l’administration Duterte est arrivée au pouvoir aux Philippines en 2016, les défenseurs et défenseuses des droits humains sont menacés, harcelés, tués ou portés disparus. Dans le même temps, l’accaparement des terres appartenant aux communautés autochtones s’est intensifié et de nombreux projets extractifs, en particulier des mines et des méga-barrages, ont vu le jour sans que le consentement des populations locales soient réellement pris en compte. Dans ce contexte, faire entendre les histoires des femmes autochtones qui ont défendu et qui continuent de défendre la terre et les droits de leurs communautés est un acte essentiel. She Said She Said est à la fois un recueil de ces histoires et un dialogue intergénérationnel pour célébrer les femmes autochtones d’hier et d’aujourd’hui qui défendent les droits humains. She Said She Said est le fruit du travail de l’association LILAK, partenaire du CCFD-Terre Solidaire.
Les deux premières revues sont adaptées des revues écrites par Daphnée Breytenbach pour le numéro Échos du monde de juin 2025.
Photo de couverture : Ophélie Chauvin