Au programme de cette cérémonie qui s’est déroulée devant le monument aux morts, place du Général de Gaulle : Allocution du Maire de Dinard Arnaud Salmon, dépôts de gerbes et exécution des hymnes nationaux (Grande-Bretagne, Etats-Unis, France) par l’école de musique Maurice Ravel.
Les membres du Conseil Municipal des Jeunes ont également ravivé la flamme du souvenir aux côtés d’Arnaud Salmon.
Ensuite, un vin d’honneur était offert par la municipalité au sein du square Jean Moulin où Patrick Chardon, Vice-président départemental de l’Union Nationale des Combattants, a remis la médaille du Mérite (échelon or) à Bernard Parage, Président de l’antenne dinardaise de l’UNC, pour ses actions menées au sein de l’association depuis 1999.
Cérémonie du 15 août 2025
Discours d’Arnaud Salmon, Maire de Dinard
Madame la Présidente de la CCCE, Chère Delphine,
Mesdames et Messieurs les Adjointes et Adjoints, Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs les élus du Conseil Municipal de Dinard, Chers Collègues,
Cher Commandant Le Mestreallan,
Cher Commandant Dumont pour la Préparation Militaire Marine,
Cher Capitaine Hervé pour les Sapeurs Pompiers ;
Mesdames et Messieurs les représentantes et représentants des associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames et Messieurs en vos grades, titres et qualités,
Chers amis,
Quand commence le débarquement le 6 juin 1944, il y a presque 4 années que les Allemands occupent Dinard, arrivés le 17 juin 1940.
Quatre années de privations et d’abus, pendant lesquelles le pays a été rançonné non seulement pour ses productions, mais aussi avec le service du travail obligatoire qui, à partir de 1942, sévit pour fournir la main d’œuvre aux usines d’armement en Allemagne.
En parallèle, la Résistance s’installe. D’abord à l’appel du Général de Gaulle, avec les forces françaises libres pour combattre avec les alliés, puis les forces françaises combattantes et les forces françaises de l’intérieur chargées en France même de renseigner sur l’occupant, participer à l’évasion des aviateurs alliés abattus, préparer le débarquement et la reprise du combat sur le territoire national.
Le cercle infernal répression – attentats se met en place et beaucoup de français seront arrêtés, torturés, fusillés ou déportés, y compris des Dinardais. Nombre ne reviendront pas, hélas, d’Allemagne. Certains lieux de la commune en gardent témoignage : Paul AUDRIN, Georges PIAN, André CHAPRON, Michel RENAUT, Raphaël VEIL.
La libération tant attendue se fait attendre. Les Alliés mènent un combat difficile en Normandie, face à un ennemi aguerri, et il faut attendre fin juillet 1944 et l’opération Cobra qui commence par un bombardement réalisé par plus de 2500 avions qui vont lâcher plus de 60 000 bombes sur 12 Km2 suivi d’une préparation d’artillerie qui va transformer le bocage en paysage lunaire. Les forces allemandes sont laminées et le 31 juillet la percée au niveau d’Avranches et de Pontaubault est réalisée.
Le Général Patton va lancer 3 forces mobiles pour conquérir le plus rapidement possible la Bretagne, vers les ports militaires d’abord, Lorient et Brest, et le troisième doit longer la côte nord afin de prendre à revers les forces qui tiennent le mur de l’Atlantique.
Le mur de l’Atlantique à Dinard est partie prenante de la zone de défense de Saint-Malo, dont le front fortifié passe au sud de Pleurtuit entre Rance et Frémur. Une première tentative de prendre Saint-Malo par surprise échoue le 5 août. Les Dinardais savent que la libération approche, car les canons allemands de la ville participent aux combats. Les Américains doivent monter une attaque en règle qui sera conduite par la 83e division d’infanterie, renforcée par le 121e régiment d’infanterie qui aura la mission de prendre Dinard.
Le 121e est un régiment quasiment inexpérimenté qui va devoir faire face à un adversaire particulièrement redoutable, le colonel Bacherer qui fait la guerre pratiquement en continue depuis 1939 et qui retraite de Normandie avec les restes de sa division. Il dispose de surcroît des chars, ce dont les Américains ne se doutent pas. Il va leur falloir 6 jours de combat et de nombreux renforcements pour franchir la ligne de défense de Pleurtuit. Le 121e va perdre 400 soldats, dont 1/3 de tués, lors des combats.
Le journal de marche et des opérations du 121e régiment d’infanterie précise : « le 14 août : ça va être l’assaut sur la ville de Dinard. Ayant percé toutes les fortifications permanentes, ce sera l’opération finale de notre mission. Aucun contact avec l’ennemi n’a été signalé par les patrouilles de reconnaissance. L’heure H est fixée à 9 h 30. »
Le 15 août 1944, le 2ème bataillon du 330ème régiment d’infanterie américain prend le relais du 331ème et les tanks entrent dans notre ville, sous la conduite du lieutenant LEE, lieutenant de la Royal Air Force et sujet britannique demeurant à Dinard qui les conduit depuis Dinan déjà. Le lieutenant LEE, n’est autre que le grand-père de notre ami Hervé Jean, ici présent que je salue chaleureusement.
Les Allemands se sont retranchés dans les fortifications de la côte. L’artillerie américaine canonne la ville depuis 8 h 30 du matin. Dès 10 h 30 des Dinardais signalent la présence de soldats américains au boulevard du Villou près du bunker hôpital construit par les Allemands. A 11 h les unités à l’ouest de Dinard ont atteint la mer près du Port Blanc. A l’est, par l’entrée principale, la résistance allemande est plus sérieuse en raison de la présence de plusieurs bunkers et de blindés.
M.Doury, 1er adjoint qui remplace le maire arrêté dès le Débarquement raconte : « tandis que la commune lutte contre le feu en centre-ville, on voit arriver les soldats américains se postant au coin de chaque rue. Je me porte au-devant d’eux pour les recevoir et leur souhaiter la bienvenue. Je me fais accompagner par Mme de la Mettrie qui étant américaine, à son franc parler avec eux et me présente à l’officier. Vers 15 h, toute la ville est prise sauf la villa Nahant et la pointe du Moulinet dont le pont d’Emeraude saute, sans qu’il y ait eu à vrai dire des combats de rue, excepté à Saint-Enogat où pour pouvoir venir de la place du Calvaire à Michelet, il a fallu 4 heures aux Américains. »
Là aussi il y avait des positions fortifiées allemandes. Les derniers occupants se rendront le 15 août après la capitulation du colonel Bacherer, alors qu’il était retranché à la Garde Guérin à Saint-Briac. Des obus tombent encore sur la ville mais ils sont allemands et proviennent des batteries de Cézembre. Saint-Malo est libérée le 17 août, et la reddition de Cézembre, pilonnée à partir de la Côte d’Emeraude, y compris avec des canons positionnés à Dinard, a lieu le 2 septembre.
La joie est grande bien sûr mais Dinard va devoir panser ses plaies : près de 150 bâtiments ont été détruits par les bombardements et les incendies ; sur les 3000 chambres d’hôtel que comptaient la commune, avant-guerre, plus de 1600 sont détruites soit par les bombardements soit par les destructions faites par les Allemands. 13 des plus grands hôtels de la ville sont sinistrés.
En 1948, seuls 2 hôtels auront été reconstruits. En attendant, la clientèle touristique d’avant-guerre va rejoindre le sud de la France. Dinard ne retrouvera jamais son faste d’antan.
Le monument aux morts avec les 60 noms de militaires, de résistants, de déportés, de civils tués lors des bombardements impose un devoir de mémoire. Grâce à eux, grâce à nos libérateurs, grâce à l’ensemble des sacrifices des forces alliées, nous vivons en paix depuis l’armistice du 8 mai 1945 soit depuis 80 ans, y compris avec nos anciens ennemis malgré 3 conflits en moins d’un siècle.
Il est de notre devoir, citoyens et élus de ne plus jamais oublier ces sacrifices.
A la fin des années 20, tous les peuples souhaitaient « le plus jamais ça », comme l’annonçait le ministre des affaires étrangères français Aristide Briand, surnommé l’apôtre de la paix qui recevra avec son homologue allemand le prix Nobel de la Paix pour le pacte qui devait assainir les relations entre nos deux pays. Et pourtant, dix années plus tard l’Europe sera à nouveau à feu et à sang.
Ces dates que nous commémorons chaque année doivent nous permette de ne pas oublier que la paix est un état par nature, fragile. Et qu’il faut de nombreux efforts et un réel engagement de toutes et tous pour la préserver.
N’oublions, ainsi, jamais et transmettons cette mémoire aux jeunes générations.
Merci à vous d’être présents ce jour, merci de votre engagement au quotidien pour que la paix perdure.
Vive Dinard Libérée, vive le République et vive la France.