Détrompez-vous, Mike Leigh ne vous racontera pas la vie de Turner ! Mais seulement les trente dernières années de sa vie, dans cet étonnant passage de la gloire mondaine à la solitude anonyme auprès de la femme qu’il aime (enfin). Loin de la biographie psychologisante, où les traumatismes de l’enfance servent à expliquer le génie de l’artiste, le film débute avec un Turner membre reconnu depuis fort longtemps de la Royal Academy, où il expose chaque année,. Et si ses innovations picturales ne sont pas appréciées par ses pairs, il est alors tout sauf un peintre « maudit« . Mr Turner de Mike Leigh, avec Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson et Lesley Manville : un film biopic atypique !
Le peintre de la lumière
Et Mr Turner est alors un odieux personnage, une véritable “tête de cochon”, au physique repoussant (on ne peut s’empêcher de penser à Toulouse-Lautrec et sa souffrance avec les femmes) qui, pour se consacrer entièrement à son art et ses innombrables voyages, a abandonné femme et enfants. Mais Mike Leigh n’est pas dans le jugement moral, sa description de la société anglaise est d’abord sociologique, presque marxiste, ce qu’il nous décrit passionnément, c’est le réseau social qui se tisse et se défait autour d’un Turner vieillissant et s’isolant chaque jour un peu plus. Si le film nous donne peu à voir de la peinture du “Peintre de la Lumière”, il décrit minutieusement le monde contemporain de Turner, tant dans ses débats intellectuels et artistiques que dans ses innovations scientifiques et techniques.
Une magnifique interprétation
Et puis, il y a la magnifique interprétation de Timothy Spall (Prix d’interprétation au Festival de Cannes 2014), qui incarne ce “mal de vivre” de l’artiste, obnubilé jusqu’à son dernier souffle par ses carnets de dessins, qui s’écrira en mourant : “le soleil est Dieu“
Il ne reste alors qu’une chose à faire après avoir vu le film : aller voir les toiles du Maître.
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Par Gérard Poitou. MagCentre.