« Partout celles et ceux qui s’assemblent pour vivre la Terre et la rêver sont en train d’en réveiller les esprits. »
B. Glowzcewski
Je suis enseignante, retraitée. J’ai travaillé toute ma carrière, en Élémentaire et en Maternelle, avec comme Projet de classe, la Philosophie des 4 éléments de G. Bachelard. J’ai entendu « le cri » de notre Terre, en 1972, à l’âge de 15 ans, en écoutant le rapport du Club de Rome. C’est avec la force de notre expérience professionnelle, enseignés et enseignant, que je reprends le flambeau : « Maintenant nous serons le vivant qui tisse et qui bruisse. »
A. Damasio
Quel « Être-au-Monde » pour devenir des « êtres-monde » ?
Et nous nous devons d’espérer sans aucune limite ! Si nous voulons laisser à nos enfants une Terre « Où atterrir ? ». Bien sûr, la tâche est immense. Mais nous savons que notre « À-Venir » commence sur les bancs de l’École. Main dans la main avec les familles.
« Vivre la Terre »
Je laisse « une apprentie » dérouler le Fil Rouge de son métier d’élève. Prenons donc le chemin de l’école. Nous voilà dans la cour, mes élèves et moi, au « Premier matin du Monde ». Un cerisier vient de nous offrir son feu d’artifice, bouquets de lumière blanche étincelante.
« À l’ombre des fleurs de cerisier il n’est plus d’étrangers. »
Issa
Écoutons, aussi, la voix de Michel Serres : « La musique n’est pas un art, elle est le moment où toutes les muses vous parlent. » Une enfant de 3 ans n’est pas restée étrangère à la voix des Muses, elle l’a entendue, s’est ouverte à son Souffle, pour en faire jaillir sa propre musique. Magie de l’instant, comme nouveau feu d’artifice, d’une toute jeune « vivante » qui m’a adressé sa voix : « C’est le Printemps qui pousse ! ». J’ai dit voix, j’aurais pu dire Joie, au sens de Spinoza. Parce que je l’ai vue briller dans les yeux de cette enfant. Entendre la lumière du Cerisier et la réfléchir, par et dans son chant.
Au milieu de mes élèves, j’ai appris que les chants du Monde, des très grands comme des tout-jeunes poètes, peuvent définir la Résonance, cet Être-au-Monde philosophique d’H. Rosa, comme se laisser toucher et toucher le monde en retour.
« Celui qui entend la voix d’un chef-d’œuvre entend la voix de celui qui a inspiré l’artiste. » — (référence perdue)
La pulsion de Vie du Printemps, telle une Muse, inspire un enfant ou un artiste, Botticelli ou Vivaldi, et la voix du Printemps se fait entendre, en traversant l’enfant qui en joue la musique, en la recomposant, et l’interprète par et dans son nouveau chant. Duo qui crée, par-là, un nouveau matin du Monde, à danser ensemble. Le vent se lève.
« Toute chose n’est que la limite de la flamme à laquelle elle doit son existence. »
Rodin
Cœur à cœur, avec un Cerisier, « Co-Naître », comme « Créer des liens », comme le « Petit-Prince » et sa Rose.
« Un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie. »
H. Matisse
Des liens qui nous font tenir les uns aux autres. Terrestres, Humains et non-Humains.
« Lorsque l’enfant était enfant, il ne savait pas qu’il était enfant, tout pour lui avait une âme et toutes les âmes étaient une. »
Les Ailes du désir — Wim Wenders et Peter Handke
« Vivre la Terre et la Rêver »
« Autrefois, au temps où le ciel était proche de la terre, les femmes dogons décrochaient les étoiles et les donnaient aux enfants. Quand ceux-ci étaient las de jouer, les mères leur reprenaient les astres et les replaçaient dans la voûte céleste. »
M. Griaule, Jeux dogons
Les étoiles, décrochées par Bachelard, s’appelaient la Méditerranée, un ballet de raies avec « Non credea mirarti » de La Somnambula de Bellini, chanté par M. Callas, « Poissons » d’Éluard, « La Vague » de Matisse, un album, Le chant des baleines.
« Tout enfant qui joue se comporte en poète en tant qu’il se crée un monde à lui. »
Sigmund Freud
Voici le monde créé par les enfants, leur Terre-Mère, où ils sont revenus. Souvenirs tout près, il est vrai. Et pouvoir y revenir, comme continuer de retisser le lien, pour marcher vers leur « à-venir ».
L’Espace-Temps du Jeu, comme emprunter le chemin du « Rêve éveillé » de G. Bachelard :
« Le rêveur lucide réalise une synthèse de la réflexion et de l’imagination. Alors la rêverie n’est pas un abandon, la rêverie est active, la rêverie prépare des forces et des pensées. »
Gaston Bachelard
C’est le BLEU où c’est loin.
La mer, c’est grand comme ça !
L’eau fait du doux, les bébés sont endormis, ils font des rêves…
Les enfants nagent tranquilles dans le silence. Les vagues nagent, les bébés flottent et les bonhommes tournent tout autour de la Planète.
J’ai rêvé de la Planète Bleue. J’ai rêvé des baleines, elles chantaient.
Il nage avec la vague. Il s’appelle le nageur. C’est toi qui as dit l’histoire du cordon.
« … et comme aux temps anciens, tu pourrais dormir dans la mer… »
P. Éluard
Chanter le Monde
« Lorsque la terre respire cela s’appelle le vent L’eau qui devient un homme cela s’appelle le sang »
Tchouang-Tseu
Faisons le pari que le Chant, ici celui de la Mer, après en avoir réveillé les esprits, leur permette de revenir pour habiter, ensemble, et nous guider vers « Un Nôtre Monde ».
« Épaule contre nageoire », dans « L’Eaucéan » dirait F. Sarano.
« Le monde est parcouru de lignes de chant. Il appartient à chacun de les parcourir et de les reparcourir sans cesse, en chantant, parce que sous ses pas, quelque chose s’éveillera. Mais si le chant s’arrête, le monde s’arrêtera aussi. »
Mythe aborigène