Le représentant des départements de France alerte sur la situation financière critique générale des
collectivités. Dans le Sud-Ouest, certains départements s’en sortent mieux que d’autres, mais la pente
est glissante.
Le gouffre de près de 100 millions d’euros dans le budget du Département de la Gironde n’a pas surpris
François Sauvadet. Le président national de l’Assemblée des départements de France chiffre les dégâts
au niveau national : « 35 départements sont en grande difficulté aujourd’hui. Il pourrait y en avoir 50 à la
fin de l’année. » La moitié des budgets des départements du pays en rouge écarlate, donc. « Nous ne
maîtrisons plus les dépenses. Ces déficits chroniques risquent d’asphyxier nos territoires », reconnaît
l’ancien ministre centriste.
Les ingrédients de l’effet cisaille : explosion des dépenses sociales, baisse des droits de mutation, gel
de la TVA et non compensation des dépenses obligatoires par l’État. Ce dernier est le coupable idéal
pour François Sauvadet : « Les dépenses sociales explosent, avec le RSA par exemple. Le nombre de
placements dans le cadre de la protection de l’enfance a doublé ces deux dernières années. Nous
avons 38 000 kilomètres de routes et des collèges à entretenir. Et l’État, qui ne compense plus que 31 %
de nos dépenses sociales, continue de charger nos barques. »
Ailleurs dans le Sud-Ouest
Dans le Sud-Ouest, les autres départements ne traversent pas les mêmes turbulences que la Gironde.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, la marge nette est passée de 80 millions à 2 millions d’euros. Le gouffre
est abyssal. Après avoir dû trouver 45 millions d’euros d’économies pour boucler le budget 2025, le
président Jean-Jacques Lasserre prévoit encore « des coupes sombres » pour compléter l’exercice
2026. Objectif, 43 millions d’euros de cure d’amaigrissement. Des coups de haches sont à prévoir dans
« l’engagement financier en direction du secteur associatif, de la culture et du sport ».
Dans le Lot-et-Garonne, la situation semble moins critique selon la présidente Sophie Borderie : « Nous
avons réalisé une économie de 44 millions d’euros sur ce budget, dont huit en fonctionnement. Nous
n’avons annulé aucun investissement mais repoussé des opérations d’une année sur l’autre. »
Dans les Landes, le président Xavier Fortinon ne cache pas son inquiétude : « En plus des baisses des
droits de mutation, nous avons été victimes de décisions prises par l’État qui nous transfèrent des
charges sans nous en assurer les financements. »
La Charente-Maritime fait figure d’exception, d’après la présidente Sylvie Marcilly : « La courbe
ascendante des dépenses, notamment sociales, et celle des recettes, descendante, ne se sont pas
encore croisées. Parce qu’en 2025, nous aurons perçu 170 millions d’euros au titre des droits de
mutation, prélevés sur les transactions du marché immobilier. C’est plus que nos prévisions. Mais qu’en
sera-t-il en 2026 ? »
Elle aussi coincée entre la diminution des recettes et l’envolée des dépenses sociales obligatoires, la
Dordogne « n’est pas dans la situation de la Gironde », tempère son président socialiste, Germinal Peiro.
Il prévoit le non-remplacement de 200 agents (sur 2 300) « en quatre ou cinq ans », pour une
économie de 8 millions d’euros. Les investissements ont baissé de 20 millions d’euros en deux ans, et il
ne s’interdit pas de réduire le champ d’action de la collectivité à ses compétences obligatoires.