Même pas peur ! Les codevb plaident coupables… d’utilité publique

Compatibilità
Salva(0)
Condividi

Lors des 15es Rencontres des Conseils de développement à Toulouse, un atelier au ton décalé a proposé d’examiner les critiques souvent formulées à l’encontre des Codev… sous la forme d’un procès fictif. L’exercice, à la fois ludique et profond, a permis de questionner leur légitimité, leur visibilité et leur utilité démocratique.

Les conseils de développement sur le banc des accusés

Dans ce procès imaginaire, un projet de loi propose de rendre facultatifs les conseils de développement. En cause : leur supposée inefficacité, leur manque de visibilité et leur influence jugée limitée sur les décisions publiques.

Les participants à l’atelier ont endossé le rôle d’avocats de la défense. Répartis en groupes, ils ont préparé des plaidoyers pour réfuter les accusations portées contre les Codev. Quatre chefs d’accusation ont été examinés : le manque d’écoute des élus, l’invisibilité auprès du grand public, l’absence d’impact réel et l’idée qu’ils pourraient disparaître sans que personne ne s’en aperçoive.

Les Codev, des interlocuteurs qui méritent d’être entendus

Le premier plaidoyer s’est attaqué à une idée bien ancrée : les élus n’écouteraient pas les avis des Codev.
Pour la défense, cette critique est injuste. Les conseils de développement ne cherchent pas à s’opposer, mais à coopérer avec les élus. Ils apportent un regard citoyen et permettent de prendre du recul sur les politiques publiques.

Plusieurs participants ont évoqué l’exemple de la métropole Toulouse, où une charte de coopération engage les élus et le Codev à se répondre mutuellement. L’un des débats les plus nourris a porté sur la question de la redevabilité : faut-il rendre obligatoire la réponse des élus à chaque avis citoyen ?
Si certains redoutent un formalisme excessif, beaucoup estiment qu’une telle règle renforcerait la confiance et donnerait plus de poids au dialogue.

Mieux faire connaître les Codev

Un second groupe a défendu les Codev contre l’accusation d’invisibilité. Peu d’habitants connaissent leur existence, mais cela ne signifie pas qu’ils soient inutiles.
Les participants ont souligné que la forme de communication devait évoluer. Plusieurs initiatives ont été citées : un film d’animation en Cornouaille, une bande dessinée à Grenoble, ou encore des collaborations avec des jeunes autour de la langue bretonne.

Ces démarches visent à sortir d’une image institutionnelle pour raconter autrement la participation citoyenne. Certains ont même proposé de changer le nom « conseil de développement », jugé trop administratif, pour une appellation plus claire et accessible.

Des avis utiles, même lorsqu’ils dérangent

Troisième accusation : les avis produits par les Codev n’auraient aucun effet concret.
Là encore, la défense a opposé plusieurs exemples de réussite : un projet immobilier reconfiguré en Isère, un avis citoyen ayant influencé le débat sur la LGV dans l’Hérault, ou encore des propositions locales reprises dans des documents d’urbanisme.

Les Codev ne décident pas, mais ils éclairent. Leur rôle est d’introduire de la complexité, de la nuance et parfois du temps long dans un débat public souvent pressé. Les contributions, même critiques, peuvent aider les élus à « mieux dormir » en partageant la responsabilité du débat public.

Et si les Codev disparaissaient ?

Dernier acte du procès : que se passerait-il si les conseils de développement disparaissaient?
Les avocats de la défense ont été unanimes : leur disparition laisserait un vide démocratique.
Les associations, comités citoyens ou conseils de quartier ne rempliraient pas le même rôle. Les Codev apportent une vision transversale, indépendante et de long terme, articulée autour du territoire et de ses habitants.

Leur présence constitue une réserve de démocratie : un espace de dialogue, de veille et de réflexion collective qui favorise l’écoute mutuelle entre élus et citoyens.

Les débats en filigrane

Au-delà des plaidoiries, le procès a mis en lumière plusieurs tensions récurrentes :

  • la difficulté d’instaurer une culture de la coopération entre élus et citoyens, encore trop souvent vécue comme une mise en concurrence,

  • le besoin d’une visibilité accrue pour donner sens et incarnation aux actions des Codev,

  • la nécessité d’une reconnaissance politique plus claire, sans pour autant chercher à institutionnaliser à l’excès ces espaces de dialogue.

Tous les participants ont partagé un même constat : face à la défiance, à l’abstention et au repli, les conseils de développement demeurent des lieux rares de confrontation apaisée et de démocratie en acte.

Verdict : « Même pas peur »

Au terme des échanges, le jury citoyen de l’atelier a rendu son verdict : non coupables.
Les conseils de développement ne sont ni des instances inutiles ni des obstacles à la décision publique. Ils représentent au contraire une respiration démocratique, un espace libre où la parole des citoyens contribue à éclairer l’action des élus.

« Même pas peur », ont conclu les participants. Une manière d’affirmer que les Codev, malgré les doutes et les critiques, restent indispensables pour faire vivre une démocratie du quotidien, patiente, enracinée et partagée.

Retrouvez tous les comptes-rendus des 15es Rencontres :

Même pas peur ! Les conseils de développement plaident coupables… d’utilité publique

Lors des 15es Rencontres des Conseils de développement à Toulouse, un atelier au ton décalé a proposé d’examiner les critiques souvent formulées à l’encontre des Codev… sous la forme d’un procès fictif. L’exercice, à la fois…

https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2025/10/atelier-m-qui-a-peur-des-codev.png 400 1000 CNCD https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2020/11/cncd-logo.png 2025-10-14 14:24:142025-10-14 14:24:14Même pas peur ! Les conseils de développement plaident coupables… d’utilité publique

Peut-on encore avoir une ambition démocratique pour l’intercommunalité ?

Les 15es Rencontres nationales des Conseils de développement, organisées à Toulouse, ont consacré deux grandes tables rondes à une question qui traverse aujourd’hui la vie locale : peut-on encore avoir une ambition démocratique pour…

https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2025/10/tr-xavier-desjardins-laurence-barthe.png 400 1000 CNCD https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2020/11/cncd-logo.png CNCD2025-10-14 08:35:372025-10-08 16:56:14Peut-on encore avoir une ambition démocratique pour l’intercommunalité ?

Comment coopérer entre territoires… avec les citoyens ?

Lors des 15ᵉ Rencontres des conseils de développement à Toulouse, cet atelier a exploré les conditions de réussite de la coopération interterritoriale. À partir d’exemples concrets portés par les conseils de développement, les participants…

https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2025/10/atelier-g-cooperations-entre-territoires.png 400 850 CNCD https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2020/11/cncd-logo.png CNCD2025-10-10 09:00:592025-10-07 14:12:16Comment coopérer entre territoires… avec les citoyens ?

Les conseils de développement, boussoles d’une démocratie en quête de confiance

En ouverture du Forum aux idées, Dominique Chuffart, coprésident de la CNCD, a livré un message fort : la démocratie participative ne se décrète pas, elle se cultive. Les conseils de développement en sont les artisans au quotidien. Redonner…

https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2025/10/dominique-chuffart-forum-idees.png 400 1000 CNCD https://conseils-de-developpement.fr/wp-content/uploads/2020/11/cncd-logo.png CNCD2025-10-09 09:52:472025-10-07 09:58:50Les conseils de développement, boussoles d’une démocratie en quête de confiance
Recapiti
CNCD