Emploi et handicap : une semaine pour changer de regard

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Favoriser l’emploi des personnes handicapées est un devoir de justice mais aussi une chance pour l’entreprise : Chronique RCF de Florence Gros du 19 novembre 2025

RND : C’est la 29ème édition de la semaine de l’emploi des personnes en situation de handicap, parlez-nous Florence de l’objectif de cette semaine. Pourquoi est-elle si importante pour les demandeurs d’emploi handicapés ?  

L’objectif de cette semaine est de faire se rencontrer les entreprises, les politiques, les associations, la société civile et bien entendu les demandeurs d’emploi en situation de handicap. Pour les associations organisatrices, cette semaine est l’occasion de s’interroger sur les différents dispositifs mis en place pour faciliter l’insertion professionnelle de ces personnes en participant à des débats ou conférences et aussi de profiter des actions concrètes de recrutement. Un peu partout en France seront organisées des rencontres entre entreprises et demandeurs d’emploi. Favoriser l’emploi des personnes handicapées est un devoir de justice mais aussi une chance pour l’entreprise. Oui une chance de découvrir que handicap et performance économique font bon ménage. Cette semaine est donc aussi importante pour les demandeurs d’emploi que pour les entreprises qui ont besoin de ces rencontres pour faire tomber leurs craintes.

Pierre-Hugues : Le taux de chômage des personnes handicapées est-il supérieur au taux de chômage général en France ?

Le taux de chômage est de 12% en ce qui concerne les personnes handicapées. C’est, de fait, bien supérieur au taux de chômage général. Pourtant, des études montrent que le travailleur handicapé est une vraie valeur ajoutée pour l’entreprise, notamment en matière de cohésion interne, d’engagement, de fidélité à l’entreprise, de résolution de problèmes complexes, d’adaptation, de flexibilité … tout ce qu’une entreprise peut chercher. Il suffit d’écouter Samuel, autiste, parlé de son travail à la médiathèque pour confirmer ces études malheureusement trop peu connues. Des freins persistent encore.   

Pierre-Hugues : N’est-ce pas une question de méconnaissance et de préjugé ? 

En parti. Pour qu’une personne en situation de handicap puisse développer ses talents, il y a un temps d’accueil, d’écoute, d’adaptations pratiques que les entreprises de veulent pas toujours faire, c’est un investissement en temps mais un investissement heureux. Un peu comme une dynamo sur un vélo. Avant d’offrir un bel éclairage, il faut fournir un effort de pédalage. Cela vaut le coup. Par ailleurs, trop souvent, le monde du travail est conçu comme la seule juxtaposition d’individus compétents qui n’ont pas le droit d’être vulnérables. La vulnérabilité fait partie de la condition humaine. Certaines personnes handicapées, tout en l’assumant, ne peuvent la cacher. Les entreprises craignent la vulnérabilité alors qu’on sait que assumées, les vulnérabilités donnent de belles perspectives. Cette semaine est une occasion de le découvrir tout particulièrement. Les fables de Lafontaine que j’ai eu la chance d’étudier à l’école offrent des leçons intéressantes. Vous souvenez-vous du chêne et du roseau ? Le roseau de Lafontaine est une grande plante faible et souple qui plie mais ne rompt pas sous les vents violents alors que le chêne symbole de force est déraciné. Il n’a pas su s’adapter à toutes les adversités de la nature. La personne en situation de handicap ne serait-elle pas un peu ce roseau capable de s’adapter à toutes les situations ? Le roseau embellit la nature. La vulnérabilité assumée est un vrai potentiel pour l’entreprise. Je vous invite à participer à cette semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, osez.

Toutes les informations sont sur SEEPH.fr

Chroniques hebdomadaire de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH. 19/11/2025

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Maxime Jaly