La Pascaline, l’ancêtre des machines à calculer
C’est en 1642, à l’âge de dix-neuf ans, que Blaise Pascale conçut une première machine pour aider son père, surintendant et percepteur de taxes à Rouen, à faire ses calculs. Cette machine, qui fut appelée par la suite « Pascaline », est reconnue comme la première calculatrice mécanique capable d’additions et de soustractions automatiques et de multiplications par répétitions, marquant un jalon décisif dans l’histoire des instruments de calcul.
L’invention repose sur un principe simple et précis : des colonnes de roues dentées représentant les décimales et un dispositif de report automatique des retenues qui rend possibles les opérations arithmétiques de base sans intervention manuelle pour chaque retenue.
Variantes, usages professionnels et la Pascaline d’arpentage
Pascal ne livra pas une machine unique mais une famille d’appareils adaptés aux besoins pratiques de l’époque. La « Pascaline d’arpentage » est l’une de ces variantes et elle dispose d’un calibrage des roues et de graduations spécifiques qui la destinent au calcul des distances et des superficies, avec comme unités de mesure, les pieds, les toises et les pouces. « Cette machine a dû répondre à une commande particulière faite à Pascal », explique Laurence Plazenet, présidente de la Société des amis de Port-Royal, évoquant Vauban, Artus de Roannez ou les frères Perrault, tous proches de Louis XIV.
Rareté, parcours et valeur patrimoniale
Sur la vingtaine de machines construites par Pascale, huit exemplaires authentifiés ont traversé les siècles dont sept sont aujourd’hui conservés dans des musées : le musée des Arts et Métiers, le musée Henri Lecoq de Clermont-Ferrand et le musée de Dresde. Une seule Pascaline est restée entre les mains de particuliers : la Pascaline d’arpentage qui a été achetée en 1942 par Léon Parcé (1894-1979), ingénieur, un des créateurs du réseau téléphonique français, collectionneur et bibliophile. Les héritiers de Léon Parcé ont décidé de vendre sa collection et la société de vente Christie’s, chargée de la dispersion, a estimé son prix entre deux et trois millions d’euros, soulignant son importance historique et son intérêt patrimonial exceptionnel.
Les réactions de la communauté scientifique et la suspension de la vente
La mise en vente annoncée par Christie’s a suscité une mobilisation des associations et des personnalités scientifiques attachées à l’œuvre de Blaise Pascal. Le 1er novembre 2025, le journal Le Monde a diffusé une tribune signée par de nombreux scientifiques, dont plusieurs membres de l’Institut, et par des écrivains comme Erik Orsenna ou le prix Goncourt Eric Vuillard, pour demander à l’État de revenir sur l’autorisation de sortie du territoire accordée à la maison de ventes internationale pour adjuger au plus offrant cette calculatrice unique au monde, appelant à un réexamen patrimonial de l’objet. Celui-ci, "à l’origine de l’informatique moderne", constitue "un des principaux fleurons du patrimoine intellectuel et technique français", estiment-ils dans ce texte. "Il est capital que cet objet, peu connu jusqu’ici [...] entre dans une collection publique, afin qu’il puisse être étudié par la communauté scientifique internationale et que le pays où il a été créé dispose d’un échantillon complet de cet instrument", ont souligné les auteurs de la tribune.
Comme cet appel n’a pas été entendu, le tribunal administratif de Paris a été saisi, en référé, par les associations « Sites & monuments », « Amis et correspondants du centre international Blaise Pascal », « Société des amis de Port Royal » et « Société de Port Royal », ainsi que par trois personnalités scientifiques, pour demander la suspension du certificat d’exportation délivré par la ministre de la culture, jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur la légalité de cette décision. Il s’agit de lui reconnaitre la qualité de « trésor national », ce qui interdirait son exportation en vertu de article L. 111-2 du code patrimoine.
Le 18 novembre 2025, à la veille du jour prévu pour la vente, le Tribunal administratif de Paris, a décidé de suspendre l’exécution du certificat d’exportation délivré le 5 mai 2025 par la ministre de la culture, et Christie’s aussitôt décidé de retirer l’objet de la vente prévue le lendemain. Le montant de la vente des seuls livres de la collection a dépassé deux millions d’euros.
La mobilisation continue et votre soutien est primordial
La victoire, en référé, est provisoire et il reste à convaincre le Tribunal administratif de l’intérêt majeur de cet objet pour le patrimoine français, afin qu’il reste sur le territoire national. Son acquisition par un musée - pourquoi pas celui de Port Royal - permettrait ensuite à la communauté scientifique de pouvoir l’étudier et aux visiteurs de l’admirer.
Afin de poursuivre cette démarche et notamment pour aider les associations à faire face aux frais de procédure, celles-ci sollicitent votre soutien financier.
Nous recherchons ainsi 3 600 € pour faire face aux frais juridiques liés à la suite de la procédure.
Philippe Anfray
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