L'album Gateway a 50 ans, où quand Abercrombie, Holland et DeJohnette réinventaient le trio jazz ! - CulturAdvisor

Compatibilità
Salva(0)
Condividi

Enregistré en mars 1975 et publié sur le label ECM la même année, Gateway a installé un modèle de trio sans piano fondé sur l’écoute mutuelle et l’espace sonore. John Abercrombie, guitariste aux timbres subtils ; Dave Holland, contrebassiste dont la pulsation et l’harmonie font corps ; et Jack DeJohnette, batteur-orchestre, composent un trio où improvisation et composition se confondent. Chacun des trois musiciens, fort d’une carrière déjà riche et variée, apporte à ce projet une sensibilité unique, mêlant fusion, free jazz et improvisation collective. L’occasion d’en faire un jalon discret mais durable de l’avant-garde post-bop et de l’esthétique ECM. L’album Gateway a 50 ans, où quand John Abercrombie, Dave Holland et Jack DeJohnette réinventaient le trio jazz, en vinyle de préférence !

Playlist de l’album Gateway a 50 ans, où quand Abercrombie, Holland et DeJohnette réinventaient le trio jazz !

John Abercrombie, l’alchimiste discret de la guitare jazz

Né en 1944 à Port Chester, dans l’État de New York, John Abercrombie s’initie à la guitare à l’adolescence, d’abord attiré par le rock’n’roll avant de se tourner vers le jazz. Formé au Berklee College of Music, il s’installe à New York à la fin des années 1960 et s’impose rapidement comme un guitariste au style fluide et nuancé, capable de naviguer entre fusion, post-bop et jazz expérimental. Son jeu, à la fois lyrique et rigoureux, le conduit à collaborer avec des figures majeures comme Dave Liebman, Gil Evans ou encore le batteur Jack DeJohnette, avec qui il enregistre son premier album en leader, « Timeless » (1974), sous le label ECM. Abercrombie y développe une approche personnelle, synthétisant les influences de John Coltrane, Jim Hall et Bill Evans, tout en explorant les possibilités offertes par la guitare électrique et les effets sonores. Son talent pour l’improvisation collective et son écoute attentive en font un partenaire recherché, comme en témoigne sa participation à des projets aussi variés que ceux de Charles Lloyd ou de McCoy Tyner. Avec « Gateway », Abercrombie confirme son statut de pionnier, capable de marier sensibilité mélodique et audace harmonique.

Back-Woods Song · John Abercrombie · Dave Holland · Jack DeJohnette. (L’album Gateway a 50 ans, où quand Abercrombie, Holland et DeJohnette réinventaient le trio jazz !).

Dave Holland, le contrebassiste aux mille vies

Dave Holland naît en 1946 à Wolverhampton, en Angleterre. Autodidacte, il commence par la guitare avant de se consacrer à la contrebasse, instrument qu’il maîtrise avec une virtuosité et une inventivité rares. Repéré par Miles Davis, il intègre son groupe en 1968, participant à des albums mythiques comme « Filles de Kilimanjaro » et « In a Silent Way ». Cette expérience, au cœur de la révolution électrique du jazz, marque profondément son approche de la musique. Holland développe un jeu à la fois puissant et subtil, capable de soutenir les structures les plus complexes tout en laissant une large place à l’improvisation. Dans les années 1970, il multiplie les collaborations (avec Chick Corea, Anthony Braxton, Stan Getz, Sam Rivers) et lance ses propres formations, explorant aussi bien le free jazz que des formes plus structurées. Son sens aigu de la composition et son écoute exceptionnelle en font un pilier de la scène jazz internationale. Avec « Gateway », Holland apporte une base rythmique et mélodique d’une rare intelligence, confirmant son talent pour créer des dialogues musicaux d’une grande profondeur.

May Dance · John Abercrombie · Dave Holland · Jack DeJohnette. (L’album Gateway a 50 ans, où quand Abercrombie, Holland et DeJohnette réinventaient le trio jazz !).

Jack DeJohnette, le batteur visionnaire

Né à Chicago en 1942, Jack DeJohnette est l’un des batteurs les plus influents de l’histoire du jazz. Formé au piano et au saxophone avant de se consacrer à la batterie, il développe un style unique, mêlant précision rythmique, sens de la couleur et une grande liberté d’expression. Après avoir joué avec John Coltrane, Miles Davis, Charles Lloyd, Freddie Hubbard, Bill Evans, Sonny Rollins, Joe Henderson et Keith Jarrett, il s’impose comme un maître de l’improvisation collective, capable de s’adapter à tous les contextes musicaux. Son jeu, à la fois puissant et nuancé, est marqué par une recherche constante de nouvelles sonorités et de dialogues avec les autres musiciens. DeJohnette est aussi un compositeur et un leader inspirant, multipliant les projets en solo ou en formation réduite. Avec « Gateway », il apporte une énergie et une inventivité rythmiques qui font de cet album une référence du jazz moderne, où chaque note semble naître d’une écoute mutuelle et d’une complicité rare.

Jamala · John Abercrombie · Dave Holland · Jack DeJohnette. (L’album Gateway a 50 ans, où quand Abercrombie, Holland et DeJohnette réinventaient le trio jazz !).

« Gateway », l’album qui a redéfini le trio jazz

L’album Gateway a été enregistré en mars 1975 au Tonstudio Bauer (Ludwigsburg, Allemagne) et publié la même année sur le label ECM, sous la production de Manfred Eicher. Ce disque marque le point de départ d’un trio unique : pas de piano, seulement guitare, contrebasse et batterie. Cette absence de clavier libère l’espace sonore et invite chacun des musiciens à redéfinir sa place dans l’interaction.

Les six morceaux, presque tous composés par Dave Holland (sauf quelques contributions d’Abercrombie et DeJohnette), explorent des territoires variés : Back-Woods Song pose un motif de basse obstiné sur lequel Abercrombie improvise, tandis que Waiting est une sorte de duo méditatif entre contrebasse et batterie. May Dance montre l’ouverture mélodique du trio, laissant des respirations tout en conservant une structure sous-jacente.

La face B s’ouvre avec Unshielded Desire, une pièce plus libre, presque rock, où Abercrombie et DeJohnette se livrent à un duel lyrique, suivi par Jamala, ballade écrite par Holland, puis Sorcery I, une conclusion dramatique et abstraite portée par des motifs percussifs et des lignes de guitare inventives.

Le vinyle, une culture

Si vous n’avez pas encore succombé au retour du vinyle, qui n’a par ailleurs jamais disparu, il est temps de vous y mettre.

Bien plus qu’un simple objet, il séduit de plus en plus, néophytes et passionnées, par la qualité de ses pochettes, sa fidélité sonore et la richesse du son.

De plus, il permet de se réapproprier l’instant et de prendre le temps.

Tout commence par ce petit rituel, où l’on choisit son disque, puis on extrait la galette de sa pochette et de son étui en plastique. Il faut ensuite la poser sur la platine, positionner soigneusement l’aiguille, savoir apprécier son crépitement si caractéristique, s’assoir et écouter, en parcourant la jaquette.

Bien choisir sa platine

Support privilégié pour apprécier cette qualité de son si particulière, le disque vinyle nécessite de s’équiper en conséquence.

Soutenez-nous

Nous vous encourageons à utiliser les liens d’affiliation présents dans cette publication. Ces liens vers les produits que nous conseillons, nous permettent de nous rémunérer, moyennant une petite commission, sur les produits achetés : livres, vinyles, CD, DVD, billetterie, etc. Cela constitue la principale source de rémunération de CulturAdvisor et nous permet de continuer à vous informer sur des événements culturels passionnants et de contribuer à la mise en valeur de notre culture commune.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute.

Hakim Aoudia.

Recapiti
Hakim Aoudia