Le 1er janvier 2026 marque l’entrée en vigueur des Certificats de Production de Biogaz (CPB), un dispositif conçu pour accélérer l’intégration du biométhane dans les réseaux français.
En cette fin d’année 2025, le marché reste encore en phase de rodage.
Mais les contours du mécanisme se précisent et permettent déjà d’esquisser son impact pour les consommateurs professionnels tertiaires.
🔦 Lumière sur les thèmes abordés dans cet article
Un outil de transition pensé pour monter en puissance
Le CPB impose aux fournisseurs de gaz de justifier une part croissante de biométhane dans leurs volumes livrés.
Le dispositif fonctionne selon une logique proche des CEE : obligation progressive, possibilité d’échanger des certificats, et contrôle en fin de période. Les fournisseurs disposent de trois ans pour se mettre en conformité, ce qui laisse au marché le temps de s’organiser.
Dans les faits, les CPB fonctionnent comme un “nouveau coût de conformité” lié à la transition énergétique du gaz.
Quelle est l’incertitude et d’où provient – elle ?
À ce stade, seuls Engie et Picoty ont communiqué publiquement sur leur stratégie CPB, et le marché n’est pas encore pleinement structuré.
En réalité, on ne connaît pas encore le prix d’un CPB : on ne connaît que les coefficients.
- 2026 : 0,0041 x le prix du CPB/MWh,
- 2027 : 0,0182 x le prix du CPB/MWh,
- 2028 : 0,0415 x le prix du CPB/MWh,
Les principales sources d’incertitude autour des CPB sont multiples :
Offre et demande : Les fournisseurs doivent atteindre un quota annuel basé sur leurs ventes (seuil initial de 400 GWh/an). Si la production de biométhane ne suit pas l’objectif national de 10,4 TWh d’ici 2028, les prix peuvent augmenter.
Coûts de production : La fabrication du biogaz coûte en moyenne 130 €/MWh, jusqu’à 175 € pour les sites industriels, avec des dépenses sensibles à l’inflation.
Facteurs externes : Incertitudes réglementaires (absence de Programmation pluriannuelle de l’énergie claire 2025-2035), incompatibilité avec les garanties d’origine, et fluctuations des prix du gaz naturel (30-50 €/MWh sur le PEG).
Ainsi, l’incertitude provient autant de la structure encore émergente du marché que des facteurs économiques, réglementaires et techniques qui influencent l’offre et la demande de biométhane.
Pourquoi parle-t-on autant de la pénalité de 100 € ?
En l’absence de prix de référence consolidé, la pénalité réglementaire agit alors comme un plafond de prix naturel : si un fournisseur n’a pas assez de CPB, il paie 100 € par certificat manquant.
Les fournisseurs préféreront donc ne jamais payer plus cher sur le marché, ce qui limite les hausses de prix mais incite aussi à acheter tôt.
Traduisons : quel impact possible sur la facture de gaz ?
Qui est concerné ?
Le dispositif s’applique aux segments tertiaires (commerce, télécoms, santé, enseignement, administration, hébergement-restauration…).
Les industriels, eux, restent hors périmètre.
Estimation de l’impact financier
En utilisant la pénalité comme proxy du prix des CPB, l’impact attendu sur la facture du tertiaire se situe dans une fourchette réaliste de +0,4 à +4 €/MWh selon l’année de mise en conformité.
- 0,0041 CPB/MWh × 100 € = 0,41 €/MWh en 2026,
- 0,0182 CPB/MWh × 100 € = 1,82 €/MWh en 2027,
- 0,0415 CPB/MWh × 100 € = 4,15 €/MWh en 2028.
Pour une structure consommant 1 000 MWh/an, cela représenterait, en théorie et en reprenant ce prix de proxy :
- +400 € en 2026,
- +1 820 € en 2027,
- +4 150 € en 2028.
Un impact réel, mais graduel, lisible et anticipable — ce qui permet d’intégrer facilement le CPB dans une stratégie d’achat d’énergie.
Une transition qui crée de la valeur environnementale
Le CPB ne se résume pas à un simple mécanisme administratif :
- Il finance directement la production française de biométhane, ce qui soutient le développement d’une filière locale et durable.
- En réduisant la dépendance au gaz fossile, il contribue à améliorer le bilan carbone des consommations tertiaires.
- Par ailleurs, il renforce la souveraineté énergétique du pays. Ce dispositif favorise l’émergence d’un gaz plus local, plus renouvelable et plus résilient.