Chris Rea est mort le 22 décembre 2025 à l’âge de 74 ans, laissant derrière lui une œuvre singulière, traversée par une quête constante d’authenticité. Né à Middlesbrough, le chanteur, guitariste et compositeur britannique s’est imposé dès la fin des années 1970 par une voix grave et un sens aigu du récit musical. Longtemps associé au pop rock des années 1980 et 1990, il n’a pourtant jamais cessé de revendiquer son attachement profond au blues et au jazz. Ce retour aux racines devient central après l’épreuve fondatrice d’un cancer du pancréas : réchappé d’une lourde opération au début des années 2000, Chris Rea fait alors le choix radical de se libérer des contraintes de l’industrie musicale. En 2003, il crée son propre label, Jazzee Blue, et s’engage dans une œuvre plus libre, plus exigeante, tournée vers l’histoire et les formes du blues. Albums instrumentaux, projets conceptuels et coffrets monumentaux jalonnent cette seconde vie artistique, conçue comme une traversée intime des musiques qui l’ont façonné. À rebours des logiques commerciales, Chris Rea a construit une discographie cohérente, profondément personnelle, qui le place aujourd’hui parmi les grandes figures européennes du blues contemporain. Hommage à Chris Rea (1951-2025), musicien engagé et voix singulière du blues britannique !
Un parcours façonné par la musique et la résilience
Christopher Anton Rea voit le jour le 4 mars 1951 à Middlesbrough, une ville industrielle du nord-est de l’Angleterre, fils d’un artisan glacier d’origine italienne et irlandaise.
Il commence tard la guitare, mais son intérêt pour la musique le pousse à rejoindre des formations locales avant de se lancer en solo au début des années 1970. Son premier succès international vient en 1978 avec le single « Fool (If You Think It’s Over) », qui lui vaut une nomination aux Grammy Awards et le fait connaître au-delà du Royaume-Uni.
Les années 1980 et 1990 voient Rea alterner tubes radio, albums charnières et tournées internationales ; des disques comme On the Beach (1986), The Road to Hell (1989) et Auberge (1991) culminent en tête des charts britanniques. Malgré ce succès commercial, il conserve une approche humble, préférant laisser sa musique parler d’elle-même plutôt qu’une célébrité superficielle.
Son parcours est profondément transformé lorsqu’il est touché par un cancer du pancréas à la fin des années 1990, une épreuve qui l’amène à revoir ses priorités musicales et personnelles. Après une lourde opération en 2001 et plusieurs années de convalescence, il décide de mettre à profit cette seconde chance pour se consacrer pleinement à la musique qui l’a toujours inspiré : le blues et le jazz. Pour concrétiser cette vision, Rea fonde en 2003 le label indépendant Jazzee Blue, imaginé comme un espace de liberté artistique loin des contraintes commerciales des grandes maisons de disques. Ce tournant marque le début d’une période profondément personnelle et créative qui durera jusqu’à la fin de sa vie musicale.
Une œuvre en quête d’authenticité : blues, jazz et liberté
Après son retour à la musique, Chris Rea s’engage dans une œuvre résolument ancrée dans les traditions du blues et du jazz, explorant ces formes avec une érudition et une sensibilité rares. La transition apparaît nettement avec Stony Road (2002), un album où il revisite les styles du blues traditionnel, avec des arrangements dépouillés qui soulignent sa guitare slide et sa voix expressive.
Sous l’égide de Jazzee Blue, il enchaîne ensuite des projets qui approfondissent cette exploration. Blue Street (Five Guitars) (2003) est un disque instrumental qui mêle blues et jazz à travers un jeu de guitare sophistiqué et des textures musicales fines, tandis que The Blue Jukebox (2004) offre une approche plus jazzy du même univers sonore.
Wikipédia
Le point d’orgue de cette période est sans doute Blue Guitars (2005) : un coffret monumental de onze CD, accompagné d’un livre et d’un DVD, conçu comme une véritable odyssée à travers l’histoire du blues, des origines africaines aux variations régionales américaines et aux formes plus modernes. Rea y compose et interprète 137 titres originaux, illustrant sa fascination pour les multiples visages du blues et son désir de rendre hommage à ce genre fondamental.
Même au-delà de ces projets ambitieux, son amour pour le blues et le jazz se manifeste dans ses derniers albums, où il poursuit sa recherche de profondeur émotionnelle et de liberté créative jusqu’à One Fine Day (2019) et au-delà.
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Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute.
Hakim Aoudia.
