Le temps d’un café, découverte de Delcy Medina, coordinatrice de l’autonomie Charagua Iyambae, au Sud de la Bolivie.
Robin Villemaine est chargé de programme agroécologie et souveraineté alimentaire au CCFD-Terre solidaire. Il y a quelques mois, il est allé en Bolivie, à la rencontre des partenaires engagés sur le projet TAPSA qui soutient la transition agroécologique mondiale. Lors de ce séjour, il a été marqué par sa rencontre avec une leadeuse guarani.
Lors de son séjour dans la province de Charagua Iyambae, Robin Villemaine a rencontré Delcy Médina, coordinatrice de la province autonome. Il a été marqué par le courage de cette femme guarani, à la tête de la première autonomie bolivienne.
Bolivie : l’autonomie indigène, un long chemin vers la reconnaissance
Depuis plusieurs décennies, les peuples indigènes de Bolivie revendiquent une reconnaissance accrue de leurs droits et un contrôle plus effectif sur leurs territoires ancestraux. Inscrit dans la Constitution de 2009, le processus d’autonomisation des communautés indigènes constitue une avancée majeure dans la construction d’un État plurinational respectueux de sa diversité. Toutefois, sa mise en œuvre reste semée d’embûches.
Une reconnaissance inscrite dans la Constitution
L’adoption de la nouvelle Constitution en 2009 marque une rupture avec le modèle centralisé qui prévalait jusque-là. La Bolivie se définit désormais comme un « État unitaire plurinational communautaire », reconnaissant le droit des peuples autochtones à l’autodétermination. Cette réforme leur permet de former des gouvernements autonomes, fondés sur leurs propres normes et traditions, dans le cadre d’une gestion démocratique et collective.
Le processus d’accès à l’autonomie se fait en plusieurs étapes : consultation populaire, rédaction d’un statut d’autonomie, et approbation par référendum. Les premières expériences pilotes, comme celles menées à Charagua Iyambae et Uru Chipaya, témoignent des défis mais aussi des avancées de cette transformation institutionnelle.
Des défis persistants
Malgré ces avancées législatives, la mise en place effective des autonomies indigènes rencontre plusieurs obstacles. L’un des principaux défis réside dans la lenteur administrative et les résistances politiques à la décentralisation du pouvoir. Les gouvernements locaux peinent souvent à obtenir les ressources nécessaires pour exercer pleinement leurs compétences.
Par ailleurs, les tensions entre la protection des territoires autochtones et les intérêts économiques nationaux restent vives. L’exploitation des ressources naturelles, en particulier dans les régions riches en hydrocarbures et en minerais, crée des conflits entre les communautés et l’État, qui cherche à maximiser les revenus issus de ces secteurs stratégiques. Le manque de consultation préalable dans de nombreux projets d’extraction alimente un sentiment de méfiance et d’exclusion parmi les peuples indigènes.
Aller plus loin :
- Ecouter l’épisode précédent : Podcast : Mauritanie, promouvoir l’accueil des personnes migrantes
- À écouter aussi : En Bolivie, les Guaranis font le choix d’une agriculture respectueuse de la nature
Retour de mission est un podcast qui, le temps d’un café, vous transporte à l’autre bout du monde et vous dévoile les coulisses du CCFD-Terre Solidaire.
Une série de podcasts réalisée par Sidonie Hadoux pour le CCFD-Terre Solidaire.
Chargée de production : Lili Payant
Extraits sonores : La luz de la sombra: la autonomía guaraní de Bolivia – WGIAtube
Photo de couverture : Ana Caroline de Lima