Patrice Caradec, Président du SETO

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« L’un des premiers enjeux est de rendre le SETO encore plus représentatif du tour operating auprès des institutions françaises »

Vous avez été élu président du SETO en juin dernier lors du congrès à Deauville, en remplacement de René-Marc Chikli, depuis 30 ans à la tête du syndicat. Quel sera le « style Caradec » ?

Patrice Caradec (P.C.) : « Tout le monde connait la très belle complicité entre René-Marc Chikli et moi depuis des années mais on a des styles très différents. Je suis peut-être un peu moins animal politique que lui, et plus homme de terrain. Je suis issu du tour-operating et je me considère comme quelqu’un de loyal, franc et direct… ce qui a pu me desservir quand j’étais plus jeune. René-Marc Chikli a fait passer le SETO d’un petit cercle d’études à un grand syndicat. De part sa personnalité, son âge et son statut, il était peut-être considéré comme moins accessible que je ne le suis. Dans la profession, tout le monde à mon numéro de téléphone portable. Personne n’a peur de m’appeler directement. J’ai cette réputation ».

Avec quelle feuille de route allez-vous conduire votre mandat ?

P.C. : « Il y a plusieurs enjeux majeurs pour les tours opérateurs. Mais je veux dire d’abord qu’il ne faut pas être fixé uniquement sur ça car les conditions d’exercice de notre profession évoluent chaque jour en fonction de l’actualité. En ce moment, nous sommes par exemple très impactés par le placement sur liste noire par l’Union Européenne des compagnies aériennes de Tanzanie, pays où certains de nos adhérents envoient des clients. Nous devons aussi être agiles pour les aider à gérer ce genre d’obstacles, c’est ce qu’ils attendent de nous. Mais oui, en tant que président, il faut bien sûr avoir une feuille de route. Et pour moi, l’un des premiers enjeux est de rendre le SETO encore plus représentatif du tour operating auprès des institutions françaises ».

Est-ce à dire qu’il manque au SETO des adhérents de référence ?

P.C. : « Nous n’avons pas encore assez de professionnels proposant des vacances en France. Le SETO rassemble 75 à 80% des tours opérateurs spécialistes de l’outgoing. Mais la France ne pèse que 3 à 4% dans le chiffre d’affaires cumulé de nos membres. Nous avons certes le Club Med et j’ai fait rentrer Belambra au SETO l’an dernier. Sur ce segment, il y a des gens qui ont conceptualisé des choses très intéressantes. Accueillir quelques belles marques en encourageraient d’autres à venir ».

Les relations des professionnels du tourisme avec les compagnies aériennes sont épisodiquement tendues. Quelle sera votre stratégie vis-à-vis d’elles ?

P.C. : « C’est le deuxième enjeu. Nous voudrions, comme nous l’avons fait avec Air France et Transavia, signer avec des opérateurs comme Qatar Airways, Air Mauritius, Emirates ou Air Transat, une charte qui permette de réguler les choses entre nous en cas de problèmes. Ceci afin de libérer l’esprit des équipes transports dans nos TO. C’est aussi une chose attendue par nos membres. Quant aux voyagistes qui ont été récemment lancés par les compagnies, Air France Holidays, EasyJet Holidays…, je suis très mitigé. Je considère que ce n’est pas du tour operating mais de l’assemblage. Leur objectif est de remplir des sièges d’avion, pas d’apporter une plus value et une sensibilité voyage. Nous sommes très regardants à ce sujet car cela peut faire concurrence à nos adhérents qui font aussi de l’assemblage et parce que l’on retrouve chez certains des hôtels qui ont pourtant signé des accords d’exclusivité avec nos membres ! ».

En matière de feuille de route, y a-t-il encore d’autres priorités ?

P.C. : « Oui, je souhaite récrire la charte du SETO, qui date, pour parler notamment de notre rôle en matière de tourisme durable, surtout d’un point de vue sociétal. Ce n’est pas le tout de dire « on s’engage », il faut que nous mettions un label sur les hôtels que nous utilisons et promouvoir auprès d’eux, et d’autres prestataires, les valeurs de responsabilité sociale. Je veux faire aussi en sorte que le tour operating ne soit pas dédié qu’aux « têtes blanches ». Quid de la génération Z ? Nous avons la nécessité absolue de s’attacher à ses attentes ».

Et sinon, comme expert du secteur, quel regard portez-vous sur la presse pro et loisirs de tourisme ?

P.C. : « Je suis un grand consommateur de la presse pro et économique. Car il faut être informé ! Tous les jours, je la lis et je clique sur les articles qui m’intéressent. Je suis aussi un lecteur des rubriques tourisme de la presse quotidienne. Mais je vois aussi passer des publi-reportages qui ne portent pas leur nom, comme encore récemment dans un journal dominical à propos d’un croisiériste de luxe… ».

Propos recueillis par Philippe Bourget

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