Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument ! - CulturAdvisor

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Ziad Rahbani, figure majeure de la musique arabe contemporaine, s’est éteint récemment, laissant derrière lui une œuvre foisonnante, entre jazz oriental, satire politique et engagement social. Compositeur, pianiste, auteur et comédien, il a marqué des générations entières, au Liban comme dans tout le monde arabe. Son décès a ravivé l’intérêt pour ses albums cultes, qu’ils soient solo ou en collaboration — notamment avec sa mère Fairouz, muse intemporelle de la chanson libanaise. Ainsi, Ziad Rahbani a su mêler la richesse des traditions orientales à des influences occidentales, dans une fusion audacieuse et profondément personnelle. L’occasion de (re)découvrir l’univers unique d’un artiste libre, engagé, et terriblement actuel. Voici donc notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !

Playlist des meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !

Nazl El Sourour (1974)

En 1974, à tout juste dix-sept ans, Ziad Rahbani signe Nazl El Sourour, comédie musicale noire et satire implacable de la société libanaise pré-guerre. Dès cette première pièce, l’artiste se détache définitivement de l’héritage folklorique familial, pour imposer un langage cru et un ton politique inédit dans le théâtre musical arabe.

L’album-pièce raconte le parcours de Zakaria, joueur de course désargenté, viré de chez lui, qui trouve refuge dans le « L’Auberge du bonheur ». Là, deux ouvriers licenciés prennent en otage les résidents pour réclamer justice sociale — un geste symbolique au moment où le Liban basculait vers la guerre civile. La partition musicale tisse un mélange audacieux de jazz oriental, funk et mélodies arabes : une fusion expressive, reflet d’un Orient‑Jazz naissant, que Rahbani décrira comme « pas occidental, mais bien libanais ».

Nazl El Sourour reste encore aujourd’hui une référence : dialogues en dialecte beiruti, satire sociale, humour corrosif et critique des élites. Certains passages font toujours mouche dans la mémoire collective libanaise.

Ana Li Aleyki Mishtak (feat. Joseph Saker) · Ziad Rahbani. (Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !).

Fairuz – Wahdon (1979)

En 1979, Fairuz entre en une nouvelle ère musicale avec « Wahdon », premier album entièrement composé, arrangé et produit par son fils Ziad Rahbani, âgé d’à peine 22 ans. Ce virage moderne marque une rupture avec le style des frères Rahbani, ouvrant une fresque sonore étonnamment funk, disco et jazz sur fond de mélodie arabe.

Le première face du disque reste fidèle au style habituel de la diva : titres classiques comme « Habaitak Ta Neseet Al Naoum » ou « Ana Indi Haneen » dressent un paysage de cordes orientales traditionnelles, élégantes et vibrantes de nostalgie. Mais c’est la deuxième face qui fascine : enregistré à Athènes lors des sessions de l’album Abu Ali, elle expose deux plages de longue durée — « Al Bosta » et la pièce-titre « Wahdon » — dans des grooves hypnotiques, funk disco et jazz lounge où la voix de Fairuz flotte dans un univers inouï pour elle à l’époque.

Ziad Rahbani impose ici sa vision radicale : moderniser sans trahir, explorer sans effacer. Ce disque, longtemps marginal parmi les puristes, est aujourd’hui célébré comme un classique culte, redécouvert notamment par les DJ du monde entier, et remis en lumière grâce à la réédition vinyle de 2025 par WeWantSounds.

Wahdon · Fairuz. (Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !).

Abu Ali (1979)

À la croisée du disco et du jazz oriental, « Abu Ali » (1979) est sans doute l’un des disques les plus étonnants de Ziad Rahbani — un luxueux manifeste sonore à 13 minutes, enregistré à Athènes avec un grand orchestre et produit sur son propre label Zida. Cet opus pressé à seulement 500 exemplaires est désormais légendaire parmi les DJ et collectionneurs.

Dès l’introduction dramatique, la basse frappe, les cuivres explosent, les cordes ondulent : c’est une véritable fusion New York–Beyrouth, articulée autour de nappes de violon, de flûte ney et d’appels mélismatiques de Joseph Saqr. Une pulsation disco orchestrée dans un style sophistiqué où jazz, funk et accents moyen-orientaux se télescopent avec grâce et urgence.

La face B, « Prelude (Theme from Mais El Rim) », prolonge cette épopée, dans un registre plus théâtral : la piste respire, le synthé flirte avec les sax de Tewfik Farruk, les vents et les cordes montent en crescendo, rappelant la dramaturgie familiale de la pièce originelle de son père et mère, Fairuz et Assi Rahbani.

Critique acérée et engagement artistique étaient déjà à l’œuvre chez le Rahbani des années 70. « Abu Ali » les cristallise dans une forme élégante et rare — un album culte, dense, audacieux, trouvé d’abord dans l’ombre, ressuscité en 2019 puis remasterisé en 2024, maintenant célébré comme l’une des maxis disco les plus subversives du Moyen‑Orient.

Abu Ali · Ziad Rahbani. (Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !).

Fairuz – Maarifti Feek (1987)

Enregistré à Beyrouth entre 1983 et 1984, mais publié seulement en 1987, « Maarifti Feek » marque une étape majeure de la collaboration entre Fairuz et son fils Ziad Rahbani, qui en signe compositions, arrangements et direction artistique. Dans cet album, la voix de la diva de la chanson arabe est entourée par des orchestrations où jazz, funk et minimalisme arabes se répondent avec subtilité : le mythique « Ouverture 83 » impose un groove suave tandis que « Li Beirut », hommage à la capitale libanaise, conjugue orchestration légère et lyrisme poignant.

Les titres phares — « Khaleek Bil Beit », « Rah Nibka Sawa », « Maarifti Feek » — dévoilent un équilibre rare entre tradition et modernité, entre nostalgie orientale et audace occidentale, typique des choix esthétiques de Ziad Rahbani dans les années 80.

Khalleek Be El Bait · Fairouz. (Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !).

Houdou Nisbi (1991)

Enregistré à By-Pass Studio entre 1984 et 1985, « Houdou Nisbi » est un véritable chef-d’œuvre du groove libanais signé Ziad Rahbani. Il est sorti en cassette et CD en 1991 sur le label Relax‑In, et réédité en vinyle en 2022 par WeWantSounds.

L’album, fruit d’une époque marquée par la guerre civile, instille une forme de « jazz oriental » audacieuse : funk vénéneux, boogie fiévreux, samba feutrée et bossa nova légère, enracinés dans les gammes et rythmes arabes traditionnels. Un mélange qui propulse Ziad comme l’inventeur d’un son unique et politique, à la fois introspectif et incroyablement dansant.

Dès l’ouverture avec « Bala Wala Chi », morceau d’amour suspendu, et dans le morceau-titre « Houdou Nisbi », improvisation élégiaque aux teintes jazz des Crusaders, l’auditeur est captivé. Sami Haouat et Monica prêtent leurs voix à des morceaux comme « Rouh Khabbir » ou « Bisaraha », où soul moderne et rythmes orientaux se rencontrent avec panache.

Cet album est désormais considéré comme un véritable trésor de la musique orientale. Il incarne une élégance subversive, fusion subtile et radicale, entre jazz et tradition arabe.

Ziad Rahbani – Houdou Nisbi. (Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !).

Fairuz – Kifak Inta (1991)

Enregistré à la fin des années 1980 mais publié en 1991, « Kifak Inta », le 13ᵉ album de Fairuz, signe un tournant audacieux dans sa discographie. C’est Ziad Rahbani qui en assure la production, la composition et les arrangements, poursuivant la veine novatrice de Wahdon (1979) et Maarifti Feek (1987).

Le disque mêle jazz-funk, bossa nova et influences brésiliennes à la tradition arabe : un cocktail sophistiqué servi par la voix intemporelle de Fairouz. Le morceau-titre « Kifak Inta » — ballade écrite et composée par Ziad — brisa les tabous : une femme confesse encore son amour à un homme marié, provoquant un frémissement dans le Liban conservateur de l’époque.

Parmi les morceaux remarquables, « Oghniyat Al Wadaa », « Mesh Ossa Hay » ou « Ya Leili Leili Leili » conjuguent émotion discrète et groove élégant. La production raffinée de Ziad Rahbani modernise subtilement la voix de Fairouz, sans trahir sa noblesse originelle.

Fairuz : Kifak Inta. (Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !).

Le vinyle, une culture

Si vous n’avez pas encore succombé au retour du vinyle, qui n’a par ailleurs jamais disparu, il est temps de vous y mettre.

Bien plus qu’un simple objet, il séduit de plus en plus, néophytes et passionnées, par la qualité de ses pochettes, sa fidélité sonore et la richesse du son.

De plus, il permet de se réapproprier l’instant et de prendre le temps.

Platine vinyle. (Meilleurs albums de Ziad Rahbani à écouter absolument !).

Tout commence par ce petit rituel, où l’on choisit son disque, puis on extrait la galette de sa pochette et de son étui en plastique. Il faut ensuite la poser sur la platine, positionner soigneusement l’aiguille, savoir apprécier son crépitement si caractéristique, s’assoir et écouter, en parcourant la jaquette.

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Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute.

Hakim Aoudia.

Recapiti
Hakim Aoudia