Participation citoyenne et interco : penser le pire pour construire le meilleur

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Lors des 15ᵉ Rencontres nationales des Conseils de développement à Toulouse, un atelier au titre volontairement provocateur a invité les participants à explorer, par le jeu et la dérision, les résistances à la participation citoyenne dans l’intercommunalité. En retournant les blocages, l’exercice a fait émerger des propositions concrètes pour bâtir des instances plus ouvertes, inclusives et reconnues.

Explorer la démocratie intercommunale… par l’absurde

L’atelier intitulé « Et surtout, n’impliquons pas les citoyens dans l’intercommunalité ! » a proposé un détour par l’humour pour aborder un sujet souvent délicat : les freins à la participation.
Loin des discours convenus, les participants ont été invités à imaginer tout ce qu’il faudrait faire pour empêcher la participation citoyenne — réunions à des heures impossibles, langage technocratique, projets déjà tranchés, absence totale de retour sur les contributions.

De cette énumération volontairement absurde est née une prise de conscience : les obstacles sont connus, parfois même intégrés dans les habitudes. Les identifier collectivement permet d’envisager les moyens de les dépasser.

L’anti-problème : apprendre en pensant le pire

La méthode utilisée, celle de « l’anti-problème », renverse les perspectives. En décrivant d’abord les pratiques garantissant l’échec d’une démarche participative, on ouvre la voie à des solutions concrètes et réalistes.
Les échanges ont ainsi permis d’exprimer sans détour les tensions qui traversent la démocratie intercommunale : élus craignant de perdre la main, techniciens débordés, citoyens désengagés, jeunes absents, territoires jugés trop vastes ou trop complexes.

Peu à peu, les participants ont formulé les conditions d’une participation réussie : parler clair, écouter vraiment, agir tôt et rendre compte. Des principes simples, mais essentiels pour bâtir la confiance.

Les conditions d’une participation réussie

À l’issue des échanges, plusieurs leviers d’action ont été identifiés :

  • Communiquer avec clarté, sur plusieurs supports, dans un langage accessible.

  • Diversifier les formats : ateliers, forums, débats mouvants, rencontres publiques.

  • Valoriser l’expertise d’usage des habitants, reconnue comme une ressource à part entière.

  • Aller vers les jeunes, leur proposer des formes d’engagement courtes et motivantes.

  • Lever les freins matériels par la mise en place de défraiements ou d’aides logistiques.

  • Assumer le débat, y compris dans ses désaccords, et rendre visible la manière dont les contributions influencent les décisions.

Ces principes rappellent que la participation citoyenne ne se décrète pas : elle se construit, pas à pas, dans la durée et la transparence.

Imaginer le Codev de demain

L’atelier s’est conclu par un prolongement collectif : que pourrait être, demain, un Conseil de développement pleinement reconnu et actif ?
Les propositions recueillies dans les contributions « Dans mon Codev, on pourrait… » et « En 2026, je proposerai que… » tracent une perspective commune : un Codev ouvert, représentatif et partenaire à part entière de la gouvernance locale.

Ouvrir et diversifier la participation

Les participants appellent à simplifier l’accès aux conseils de développement : fin des candidatures trop formelles, tirage au sort de citoyens, création de collèges de jeunes avec système de parrainage, réunions décentralisées et hybrides, horaires adaptés, et même prise en charge des frais de garde pour lever les obstacles à l’engagement.

Renforcer la relation avec les élus

Le lien entre élus et Codev doit être plus régulier et plus lisible. Les projets doivent être présentés en amont, dans un langage clair. Les élus sont invités à s’engager sur un droit de suite des avis rendus, à formaliser leur coopération par une convention et à désigner des élus référents pour assurer un dialogue continu.

Partager la gouvernance

Les conseils de développement souhaitent une gouvernance plus collective : coprésidences citoyen·ne/élu·e, gouvernance tournante à l’échelle intercommunale, groupes de travail thématiques et continuité des instances au-delà des mandats politiques.

Rendre le Codev visible et lisible

Les participants insistent sur la nécessité d’une communication claire et vivante : diffusion des résultats des travaux, supports visuels simplifiés, livrets ou BD de présentation, événements publics, et présence active sur les réseaux sociaux.

Donner des moyens et former

Pour jouer pleinement leur rôle, les Codev doivent bénéficier d’un budget propre, d’un appui permanent par un ou une chargée de mission, et de formations partagées avec les élus et techniciens afin de construire une culture commune de la participation.

La démocratie intercommunale : une confiance à reconstruire

De cette réflexion collective se dégage une conviction : la démocratie intercommunale ne progressera que si elle repose sur la confiance, la pédagogie et la co-construction entre élus, techniciens et citoyens.

Les Conseils de développement peuvent en être les artisans, à condition de disposer des moyens, du temps et de la reconnaissance nécessaires.
Le Codev de demain se dessine comme un espace d’expérimentation et de dialogue, où la diversité des expériences nourrit la décision publique et où la participation devient une manière d’agir, pas seulement d’être consulté.

Retrouvez tous les comptes-rendus des 15es Rencontres :

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